Syndrome de Kiss : un diagnostic sans preuve médicale
Aucune étude scientifique rigoureuse ne fait preuve du syndrome de Kiss, pourtant diagnostiqué chez certains bébés. Le risque est de passer à côté d'une vraie pathologie.
Mauvais sommeil, pleurs incessants, hoquet, coliques ou encore diarrhées... Ces symptômes, très courants chez les bébés, devraient être les signes du syndrome de Kiss : "Kopfgelenk Induzierte Symmetrie Störung", à traduire par "troubles de symétrie induits par des vertèbres cervicales".
Problème : ce syndrome n’a jamais été étudié scientifiquement. Pire, on part du principe que les vertèbres cervicales seraient mal alignées et qu’il y aurait une luxation des premières vertèbres, en se basant sur des examens radiographiques. Or les radiologues pédiatriques expliquent qu’il est impossible de visualiser ce type d’anomalie sur une radiographie classique. Le diagnostic est donc posé sans aucune preuve.
Le risque est de passer à côté d’une vraie pathologie comme le torticolis congénital qui représente la 3ème déformation néonatale en termes de fréquence.
Les professionnels alertent dans une tribune
Face au développement des médecines alternatives, notamment à destination des enfants, le collectif No Fake Med a publié une tribune dans Le Figaro, intitulée "Futurs et jeunes parents, attention aux dérives pseudo-thérapeutiques !".
Le collectif estime que le syndrome de Kiss "a été inventé de toutes pièces pour justifier des manipulations. Sachez qu'il n'existe pas et ne repose sur aucune base diagnostique ni scientifique", alertent les professionnels de santé.
C'est pourquoi "le recours à l'ostéopathie du nouveau-né et du nourrisson doit absolument être banni, et nous militons contre cette prise en charge de plus en plus systématique au sein des maternités et lors du retour à domicile", poursuit le collectif.
Concernant le syndrome de Kiss, "les traitements proposés sont une manipulation de la zone et/ou des techniques d’ostéopathie crânienne. Ces traitements sont inutiles et inefficaces, mais peuvent être de surcroit dangereux", explique le collectif, avant de rappeler que "toute manipulation du nourrisson de moins de 6 mois est interdite aux ostéopathes".