Un bébé sauvé d'une malformation cardiaque grâce à des cellules souches
Au Royaume-Uni, un chirurgien a soigné un bébé né avec une malformation cardiaque en injectant des cellules souches directement dans son coeur. Il s'agit d'une première mondiale.
Le petit Finley est né à Corsham, une petite ville d'Angleterre située à une trentaine de kilomètres de Bristol. Mais dès son quatrième jour de vie, il doit subir une opération à cœur ouvert à l'hôpital universitaire de Bristol. En cause : une grave malformation cardiaque congénitale, appelée transposition des grandes artères. À cause de cette malformation, l'artère pulmonaire et l'artère aorte sont inversées à leur sortie du cœur, empêchant son bon fonctionnement. L'opération, qui visait à remettre les artères dans la bonne position, s'est soldée par des complications et une dégradation de l'état cardiaque du nourrisson.
Le Pr Massimo Caputo, chirurgien cardiaque au Bristol Heart Institute, choisi alors de recourir à une technique inédite : l'injection de cellules souches directement dans le coeur du nouveau-né. C'est l'histoire que rapporte l’Université de Bristol dans un communiqué publié le 20 décembre 2022.
"Créer un tissu vivant"
L'injection de cellules souches a eu lieu dans la partie gauche du coeur du bébé. Cette technique, testée sur des animaux, n'avait encore jamais été réalisée chez un humain. Dans le cas de Finley, les cellules souches injectées doivent aider les vaisseaux sanguins endommagés à se développer. Le but est d'augmenter l’apport sanguin dans le coté gauche du cœur, insuffisant à cause de la malformation.
"Nous essayons de créer un tissu vivant, qu'il s'agisse d'une valve, d'un vaisseau sanguin ou d'un patch, qui grandira avec l'enfant, et qui ne se détériorera pas" détaille le Pr Massimo Caputo dans un article de la British Heart Foundation.
Eviter de nombreuses chirurgies
Selon le portail des maladies rares Orphanet, la transposition des gros vaisseaux congénitale est une malformation qui concerne une naissance sur 5 000. Pour réparer ces malformations, les chirurgiens utilisent des matériaux (patchs, valves cardiaques de remplacement …) qui ne sont pas biologiques et qui présentent plusieurs inconvénients par rapport aux cellules souches : ils ne grandissent pas avec l’enfant, peuvent être rejetés par le système immunitaire et imposent donc de faire subir à ces enfants de nombreuses chirurgies.
Or, "à chaque fois que vous faites une chirurgie cardiaque sur
la même personne, les risques augmentent. Même si nous obtenons maintenant de
bons résultats en terme de survie, il existe toujours un risque de
complications (infections, lésions cérébrales ou pulmonaires) qui peuvent
affecter la qualité de vie à long terme. Sans compter le bilan psychologique
des opérations répétées" dévoile le Pr Massimo Caputo à la British Heart Foundation.
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"Un patch de cellules souches"
Pour Finley, l'injection des cellules souches a été un succès. "Dans les deux semaines qui ont suivi le traitement aux cellules souches, nous avons remarqué un changement chez Finley. Il est rentré à la maison pour la première fois alors qu'il n'avait que six mois. [Mais] il a une machine qui l'aide encore à respirer la nuit" raconte la mère de l'enfant aujourd'hui âgé de deux ans.
Depuis cette première opération, l’équipe de l’université
de Bristol a amélioré la technique. Désormais, elle consiste à injecter "un patch de
cellules souches" qui peut être transposé dès la première opération sur
le patient.
Pour rendre cette innovation accessible au plus grand nombre, le chirurgien souhaite lancer des essais cliniques qui devraient démarrer dans
les prochaines années.