Cellules souches : une alternative aux greffes de coeur ?
Un traitement innovant à base de cellules souches est en phase de test en France pour soigner les cœurs malades. Cet essai clinique pourrait ouvrir de nouvelles perspectives pour de véritables options thérapeutiques.
Ce matin à l'hôpital de Montpellier, une livraison est très attendue. Dans les cartons, se trouve un traitement encore expérimental. Sans perdre une minute, la chargée de recherche l’achemine jusqu’au bloc opératoire.
Le programme du jour est d’injecter ces cellules-souches dans le cœur d’un patient récemment victime d’un infarctus. L'opération est rare et le protocole rigoureux. Il faut d’abord s’assurer que les cellules ont bien été conservées entre 4 et 10 degrés.
Ses propres cellules réparatrices réinjectées
Avec ce traitement, le patient est son propre donneur. Son sang a été prélevé, puis ses cellules-souches ont été extraites, triées et multipliées en laboratoire pendant 10 jours. Aujourd’hui, elles vont pouvoir lui être réinjectées sous une forme ultra concentrée.
Pour cela, le chirurgien va se frayer un chemin de l’aine jusqu’au cœur du patient.
Il faut cibler avec précision les zones d’injection. Les parties du cœur endommagées par l’infarctus sont très fines, l’aiguille pourrait les transpercer et provoquer le décès du patient.
Trois chirurgiens sont nécessaires. L’un d'entre eux est spécialement venu d’Allemagne pour cette opération. Le dispositif est important, pour de grands bénéfices espérés.
"Il y a deux types d’effets qui sont attendus concernant les cellules souches. Un premier effet qui est de reconstituer le muscle lui-même. Le deuxième type d’effet qui est probablement très important, est l’effet support aux autres cellules, pour aider les autres cellules du cœur à reconstituer du tissu", explique le Pr François Roubille, chirurgien cardiaque au CHU de Montpellier.
Promesse ou mirage ?
En un peu plus d’une heure, le patient reçoit 15 injections, des cellules-souches par million. Il reste à prouver leur efficacité. C’est pourquoi les malades inclus dans cet essai clinique ont des rendez-vous de contrôle très réguliers.
Olivier a reçu ses injections il y a un mois. Il vient livrer ses premières impressions à son chirurgien. Son ressenti doit encore être confirmé par toute une batterie d’examens, IRM, prise de sang, échographie tous les 3 mois.
"Même si on peut voir une différence à l’échographie, c’est tout le principe de l’étude. Il faut comparer les patients qui ont bénéficié du traitement avec ceux qui n’en ont pas bénéficié, pour voir quel est l’impact du traitement, parce que le patient peut lui-même récupérer, par la kiné, les efforts qu'il fait par lui-même donc c’est toute la difficulté de ce genre d'études", commente le Pr François Roubille.
Si les effets bénéfiques des cellules souches se confirment, elles pourraient devenir une alternative aux greffes de cœur. Mais aucune mise sur le marché de ces traitements n’est attendue avant une dizaine d’années.