Ch@t : La santé des ados
Ch@t du 21 octobre 2009 Avec les réponse de Michel Fize, sociologue et spécialiste des questions de l'adolescence et du Dr Frédérique Soumoy, médecin spécialiste de l'adolescence
Les réponses de Michel Fize, sociologue
- Ma fille, de presque 16 ans, a perdu son père il y a 9 ans et 2 petits frères ensuite, elle me dit maintenant qu'elle préfèrerait mourir que de vivre chez nous (famille recomposée). Sachant qu'elle va déjà voir un psychologue et que je parle fréquemment avec elle (quand elle m'en laisse le loisir !), que dois-je faire de plus ?
Pouvez-nous préciser le contexte de votre famille recomposée ?
- Je suis avec un homme depuis 5 ans et demi et mariée depuis 3 mois avec cet homme avec qui j'ai eu 2 petits garçons perdus, puis un 3ème en bonne santé mais grand prématuré. Le père de mes filles étant décédé (comme précisé précédemment) elles vivent avec mon mari, leur nouveau petit frère et moi.
La vie dans une famille recomposée peut être au départ un peu compliqué. Chacun doit trouver sa place, ne pas avoir le sentiment d'être délaissé ou négligé. Dans le cas de votre nouveau conjoint, il est important qu'il ne se substitue pas au père de votre fille, qu'il n'établisse pas un rapport d'autorité avec elle mais qu'il essaie au contraire de nouer une relation de confiance, en lui indiquant que si elle le désire, il est là pour l'aider à résoudre ses problèmes.
- Je m'inquiète pour ma petite soeur de 13 ans qui, après le décès de notre père il y a deux ans et un manque d'autorité venant de ma mère, fume, a des mauvaises fréquentations avec des jeunes beaucoup plus âgés qu'elle. Que faire ?
Les conduites addictives expriment toujours une souffrance, une fuite devant des réalités insupportables à vivre. Il faut prendre garde à ne pas dramatiser, à ne pas culpabiliser. Il est important pour vous de soutenir votre soeur dans ce mauvais passage tout en soulignant - et même si ce n'est pas vrai - que vous même éprouvez parfois des difficultés, ressentez du stress. L'important est d'essayer de maintenir le dialogue avec votre soeur et de la rassurer.
- Ma seconde fille est d'un côté très agressive avec moi (sa mère) et elle attend toujours mon avis et mon approbation, elle refuse de partir en voyage scolaire mais demande de plus en plus de libertés pour ses sorties, comment faire ?
Il faut essayer de concilier la responsabilité et la liberté. S'il est important d'être autonome, il l'est aussi d'être responsable, de soi, des autres.
- Mon fils de 8 ans a un comportement de pré-ado d'après la thérapeute qu'il voit, crises de colère, il claque les portes en nous hurlant dessus. En commençant si tôt la crise d'ado va-t-elle durer moins longtemps ?
La pré-adolescence, ça n'existe pas. Votre fils manifestement a envie de sortir de l'enfance, de devenir adolescent : un âge qui fait rêver les petits. A vous d'admettre ce désir, de commencer à le traiter comme un adolescent tout en lui rappelant qu'être adolescent ce n'est pas être violent ou agressif. Je pense que si vous êtes capable de reconnaître le début de l'adolescence, son besoin d'affirmation étant pris en compte, son niveau d'agressivité devrait baisser.
- Quels sont les sites fiables qu'une ado de 14 ans peut consulter pour devenir autonome connaitre les dangers de la vie ?
Il y a plusieurs sites : Fil santé jeunes, Santé-jeunes.org et TaSanté.com.
- Mon petit-fils de 10 ans n'a jamais aimé qu'on l'embrasse, ne nous croît pas lorsqu'on lui dit qu'on l'aime. Par période, il fait caca dans sa culotte et nous dit toujours que ce n'est pas vrai. Il écrit très mal, fait des fautes à tous les mots, ne comprend pas la conjugaison, la grammaire mais est très fort en maths. Son institutrice dit qu'il ne se concentre pas. Il est suivi en psychomotricité depuis 2 ans.
Nous devons en savoir un peu plus sur votre contexte familial. Ce garçon a-t-il de bonnes relations avec son père ? Si votre petit-fils ne veut pas être embrassé à 10 ans, c'est parfaitement normal, il commence à affirmer son droit à l'intimité. Il vous donnera des marques d'affection quand il en aura envie, c'est-à-dire quand il en éprouvera le besoin. Mais vous pouvez lui dire ce que les parents oublient souvent, c'est que vous l'aimez et que vous respectez ses choix. Pour les autres observations, manifestement votre petit-fils exprime une souffrance qu'il appartient au thérapeute d'identifier.
- Est-ce que des attouchements survenus 1 seule fois pendant l'adolescence avec la passivité voire l'accord de la victime dans un cadre familial (son frère) peuvent perturber la victime et comment sachant qu'elle n'a pas oublié totalement la période précise quand cela est survenu et qu'elle ne garde que des flashs ?
Dans beaucoup de famille frères et soeurs se livrent quelque fois à des rapprochements qui peuvent être des attouchements ou des caresses. L'important est tout de même qu'il n'y ait pas de situations de contraintes. Si dans le cas que vous indiquez, l'attouchement ne s'est produit qu'une seule fois, que la victime l'a oublié, rien ne sert, me semble-t-il de réouvrir une histoire dont il faut rappeler naturellement qu'elle ne saurait être encouragée.
- Nous habitons un petit village, notre fils, 15 ans, est lycéen à 20 km, ses copains éparpillés, il veut un scooter, son père dépressif râle pour l'accompagner en voiture chez des copains mais refuse de lui en acheter un par peur d'aller à son enterrement. Je n'approuve pas car je pense qu'il y a autant de risque à être passager d'un copain du même âge. Qui a raison ?
Votre mari est inquiet pour le sort de votre fils, ce qui est compréhensible, mais il doit se rappeler que son rôle n'est pas de transmettre de l'angoisse. Son garçon a 15 ans, il est normal qu'il est envie d'être autonome donc de ne pas être accompagné par son "papa" et il est tout aussi normal qu'il ait envie de voir ses copains. A vous ses parents de lui rappeler que sur la route il y a des dangers et des règles à respecter pour sa sécurité et celle des autres.
- C'est ce que j'essaie de faire mais j'habite loin de chez ma mère donc ce n'est pas toujours facile. Ma mère travaille dans un café de village (lieu d'habitation aussi) et a tendance à se laisser aller à l'alcool car elle a des problèmes aussi. Donc c'est un mauvais endroit pour l'épanouissement de ma soeur et elle prend le mauvais exemple. Je me demande s'il faut attendre qu'elle grandisse pour que tout aille mieux ou s'il est trop tard car elle part dans une délinquance certaine ?
Il y a aujourd'hui différentes manières de communiquer le téléphone, les textos, internet... Essayez par tous les moyens de maintenir un contact régulier. Imaginez une sortie commune, restaurant, cinéma où vous pourriez discuter de vos vies respectives. Sans lui faire de cours de moral, essayez de lui faire comprendre qu'elle peut prendre des risques en fréquentant certaines personnes et qu'elle devrait essayer au moins d'en rencontrer d'autres.
- A 14 ans, ma nièce parle très vite comprend très vite, agit très vite, oublie ses affaires. Comment l'amener à ralentir ? Je pensais au sport entre autres.
A vous de voir si votre nièce ne présente pas un trouble psychologique peut-être de l'hyperactivité. Mais il est certain et vous avez raison, que le sport est de toutes les manière une bonne thérapeutique.
- Ce que vous me proposez comme solution est exactement ce que l'on vit et ce que l'on fait, mais ma fille va toujours aussi mal, malgré le psy toutes les 3 semaines... Aussi finis-je par penser que vous n'avez pas plus de solutions que moi, finalement !
Essayez de lui faire comprendre que vous partagez sa souffrance et montrez lui que pour vous même la vie n'est pas toujours facile, que la vie est un défi de tous les jours mais qu'elle comporte des aspects merveilleux, qu'elle vaut la peine d'être vécue, qu'il y a quelque part quelqu'un qui vous attend et ensoleillera votre vie.
- Son père a été très maladroit avec lui pendant une grande période, lui disait qu'il était un nul, n'allait jamais le voir au sport, ne le félicitait jamais. Actuellement nous voyons un psy et cela se passe mieux. Mais le passé ne s'oublie pas.
Il n'est jamais trop tard pour mieux faire. Je reprendrais la distinction que faisait un thérapeute américain entre les messages "tu" et les messages "je". Vous avez des exemples parlant dans mon livre L'adolescent est une personne. En tout cas, il est important de ne jamais dire à quelqu'un "tu es nul", "tu n'arriveras jamais à rien" mais au contraire avec des formules plus douces, lui faire comprendre que ce n'est pas facile de ne pas avoir les bons résultats attendus. Vous devez lui indiquer que les efforts finissent toujours par être récompensés. Vous devez donc encourager et pas condamner.
- Ma fille de 18 ans passe son bac, nourrit des pensées suicidaires. Ces pensées deviennent de plus en plus présentes à la suite de la rupture avec son premier amour. Elle laisse trainer dans sa chambre des lettres visibles où le concept de mort est très présent. Que faire : lui parler de ce que j'ai découvert ou l'obliger à aller voir un thérapeute ?
Une rupture amoureuse est toujours une épreuve terrible. Il faut apprendre à gérer les échecs de la vie. Lui dire que vous même avez rencontré de telles situations. Que vous comprenez son chagrin mais qu'elle doit aller de l'avant. Proposez lui des sorties communes, un petit voyage si vous en avez la possibilité. Si l'état de votre fille ne s'améliore pas, il faut évidemment consulter. Il existe aujourd'hui de très bonnes structures de prise en charge des adolescents aux pensées suicidaires.
- Mon fils de 20 ans continue d'être en retard à tous ses RDV : copains, école, travail, médecin... C'est quelqu'un qui comprends très vite mais il est dans son monde.
Votre fils n'est plus un adolescent mais un jeune adulte avec ses qualités et ses défauts. Il est maintenant responsable de ses actes. S'il arrive en retard à ses RDV, c'est lui que ça doit gêner et pas vous.
- Mon fils de 14 ans fréquente au collège des enfants qui sortent le soir le week-end et nous demande souvent de sortir, doit-on systématiquement refuser ?
Non. Nous sommes dans un cas où il faut négocier, trouver une solution moyenne. Proposez lui de vous indiquer le jour qui lui paraît le plus important pour sortir et récuperez les autres jours. Cette question doit être résolue par le dialogue.
- C'est déjà fait, je lui dis que ce n'est pas bien ce qu'elle fait (fréquentation, mensonges, tabac...) mais ma sœur n'en fait qu'à sa tête. Je pense qu'elle est perturbée par la mort de notre père et par le contexte familial avec ma mère, je n'ose pas lui en parler, ce sont des sujets difficiles et j'ai peur de lui faire ressurgir de mauvais souvenirs.
Le "cours de moral" n'est pas bien et toujours la plus mauvaise solution. C'est un exercice de pouvoir qui ne peut pas être accepté par votre soeur. En revanche il faut trouver le moment de pouvoir évoquer le passé chargé. C'est le seul moyen pour espérer l'évacuer.
Les réponses du Dr Frédérique Soumoy, spécialiste des questions de l'adolescence
- Mes enfants sont encore jeunes mais devant le grand nombre de reportages inquiétants sur l'alcool et les drogues chez les ados, je voudrais savoir quelle est la meilleure façon de dialoguer à ce sujet afin qu'ils comprennent le danger et ne fassent pas d'abus ?
En parler à ses enfants jeunes permet de les sensibiliser dès maintenant et de ne pas en rendre le dialogue tabou. Ainsi, arrivés à l'adolescence où la communication peut parfois être plus difficile, vos enfants parleront plus librement de ce genre de questions. Si vous n'êtes pas très à l'aise pour répondre aux questions précises, une idée souvent conseillée aux parents est de se procurer des livres destinés aux adolescents sur ces sujets.
- Les jeux vidéos sont-ils réellement susceptibles de provoquer des crises d'épilepsie ?
Non, pas chez des personnes n'ayant pas de terrain prédisposant. En revanche, chez quelqu'un connu épileptique (a fortiori sous traitement), il est vivement déconseillé d'abuser des jeux vidéos.
- Existe-t-il un âge réel de l‘amour ? Ou peut-il parvenir à n'importe quel âge ?
On ne décrit le sentiment amoureux souvent qu'à partir de l'adolescence qui, sous l'influx hormonal, peut naître. Mais on ne peut pas décrire "d'âge limite" et "tomber amoureux" peut arriver même à 90 ans ! L'important est aussi d'entretenir et de cultiver cet amour...
- Ma fille de 14 ans est accro au shopping. C'est une vraie dépendance. Comment faire pour lui faire entendre raison, alors qu'en soit, cela ne nuit pas à sa santé au sens strict ?
A 14 ans, les ados ne se rendent pas toujours compte que pour gagner de l'argent, il faut travailler. Je pense que le meilleur moyen pour votre fille serait donc de lui limiter son argent de poche ou de ne lui en donner que pour la féliciter de tel ou tel résultat (ou en la rétribuant de "façon raisonnable" pour tel ou tel service rendu. L'éducation est aussi l'apprentissage des valeurs que représentent l'argent et le travail.
- Comment concilier à 14 ans la passion amoureuse et l'ennui au collège ? Je cherche quelques arguments motivants !?
Un argument de poids est que "on ne vit pas d'amour et d'eau fraîche"... Autrement dit, la découverte du sentiment amoureux à l'adolescence ne doit pas pour autant faire délaisser tout le reste et perdre de vue l'apprentissage à l'autonomie de vie (et entre autre financière)! Motivez votre ado en ne lui interdisant pas forcément toute détente et tout RDV amoureux mais à condition que le "fil conducteur" que les adultes attendent de lui soit maintenu... Tout est une question de responsabilité à acquérir...
- Pourquoi les ados refusent d'aller en cours et pourquoi ?
Le refus d'aller en cours est parfois une façon de s'affirmer et de s'opposer vis-à-vis de ses parents. Néanmoins, c'est parfois aussi un test pour évaluer la "solidité" des arguments et l'autorité des parents ; votre rôle est de "tenir bon" et de leur montrer l'exemple. C'est en travaillant qu'on construit sa vie et qu'on peut devenir autonome, surtout dans le monde d'aujourd'hui. Si l'absentéisme scolaire devient trop préoccupant, mieux vaut aller consulter votre médecin, à la recherche d'une éventuelle dépression sous-jacente.
- Quand doit-on prendre au sérieux des maux de tête ou des maux de ventre avant d'aller à l'école ? Comédie ou réelle souffrance ?
Faire la part des choses n'est souvent pas chose facile. Un indice néanmoins est de détecter le moment de l'apparition de ces symptômes : est-ce toujours le vendredi matin par exemple, jour du cours de maths ? Est-il "guéri" pendant les week-ends et les vacances scolaires ? Cependant, des manifestations somatiques telles des maux de têtes ou de ventre peuvent refléter une réelle phobie scolaire avec éventuelle dépression sous-jacente. Si l'absentéisme devient trop préoccupant, une coupure avec le milieu familial (en milieu hospitalier ou non) est parfois indiquée, afin de réévaluer la situation hors du contexte.
- Comment savoir quand un ado fume et prend de la drogue ?
Plusieurs signes peuvent orienter vers une suspicion de consommation de cannabis : yeux rouges, difficultés de concentration, agressivité, somnolence, mauvais résultats scolaires brutaux, absentéisme scolaire soudain, besoin d'argent (voire vols)... Tout ceci doit vous orienter vers ce diagnostic.
- N'est-ce pas en fonction des pays et des cultures que l'on fixe l'âge de l'adolescence. Un ado en France serait peut être perçu comme un adulte dans certains pays ? Quels sont alors les critères objectifs qui font que l'ado n'est plus ado ?
L'adolescence a en effet des limites assez floues. On considère la fin de l'adolescence par la fin de la puberté, qui est très variable en fonction des personnes. Les gens du Sud ont par exemple une puberté souvent plus précoce que les populations du Nord. A contrario, les adolescents atteints de maladie chronique ont souvent une puberté retardée. Néanmoins, d'un point de vue sociologique, l'adolescence peut être définie comme un état d'autonomie et d'indépendance vis-à-vis de ses parents (ou des adultes qui s'occupent d'eux). D'où l'importance de sensibiliser les ados à l'importance de se responsabiliser pour devenir adulte.
Les réponses du Dr Charlotte Tourmente
- A partir de quel âge les ados prennent-ils de la drogue ?
Il n'y a pas d'âge "spécifique". C'est variable en fonction de chaque adolescent. La consommation débute faiblement à partir de 12/13 ans mais elle augmente fortement après 14 ans. On estime que 49% des jeunes de 17 ans en ont déjà consommé ou en consomment (source : Observatoire français des drogues et des toxicomanies).
- Sachant que je fume du cannabis depuis plus de 20 ans (à intervalles plus qu'irréguliers puisque non dépendante, si on peut l'être avec du cannabis !), je souhaiterais savoir si mes 4 enfants ont plus de risques que les autres d'être toxicomanes ?
Est-ce que vous fumez devant eux ? Vous parlez librement de votre consommation avec eux ? Si oui, ils peuvent se dire "puisque ma mère/mon père fume, pourquoi pas moi ?". Sans vouloir être moralisatrice, vous donnez le "mauvais exemple".
- Ma nièce 14 ans a demandé à sa mère d'habiter chez son père suite à une mésentente entre elles (elles sont dominantes toutes les 2), son père ne s'occupera pas beaucoup des premières fois, quels sont les sites fiables où elle pourra s'informer ?
Bonjour-docteur.com, JeunesEnSanté.ca (site canadien sous la responsabilité de l'association canadienne pour la santé des adolescents).
- L'amour est bon ou mauvais pour la santé ?
L'amour est bon pour la santé quand il est fait dans les bonnes conditions (toujours avec un préservatif pour éviter les infections sexuellement transmissibles et une grossesse, ainsi qu'une contraception par pilule si possible ; avec un/une partenaire auquel/ à laquelle on tient). Faire l'amour permet de sécréter des endorphines, les hormones du bien-être, ce qui procure un sentiment d'apaisement et de bonheur.
- J'ai peur que ma fille adolescente ait un rapport sexuel hors mariage. C'est très important pour nous. J'ai peur que la mixité à l'école encourage certains comportement amoureux flirt etc...
Je comprends votre crainte mais il n'est pas possible de lui interdire d'aller à l'école ou de parler à des garçons. Vous pourriez parler avec elle pour lui faire partager vos positions, sans les lui imposer brutalement (ce serait le meilleur moyen de provoquer l'inverse de ce que vous souhaitez). Un dialogue souple est sans doute le meilleur moyen de lui faire comprendre vos craintes, afin qu'elle en ait conscience. Mais informez-la tout de même des risques de grossesse et d'infections sexuellement transmissibles (ou demandez à quelqu'un de proche le faire si vous ne vous en sentez pas capable).
- L'adolescence est l'âge très difficile, une grande histoire d'hormones pendant cette période existe. Vous ne pensez pas que nous ne sommes pas responsables de nous-même ? Est-ce qu'on peut dire que les hormones sont responsables ?
Ce serait trop "simple" de justifier nos comportements sexuels uniquement par les hormones. Certes, elles sont essentielles dans le désir et le plaisir mais la volonté entre aussi en compte. Je pense notamment aux comportements délictueux par exemple ou simplement non protégés. Il faut trouver le juste milieu entre se laisser porter par ses hormones, en restant maître de nos actes.
- Comment savoir à partir de quel moment un jeune devient accro aux jeux vidéo ? Une heure de jeu par jour par exemple ?
On parle de dépendance quand toute la vie de la personne tourne autour du jeu (par exemple), que l'enfant y pense tout le temps et que cela est un retentissement sur ses activités scolaires, familiales, sociales. La dépendance implique la perte de contrôle de la consommation en cas de drogue ou de la pratique pour les jeux.
- Quels sont les méfaits de la masturbation (sans partenaire) pour la santé ?
Aucun. Sauf si seule la masturbation vous apporte du plaisir sans que vous parveniez à en ressentir lors de rapport sexuel. Dans ces cas-là, il est bon de consulter un sexologue.
- On parle beaucoup des risques de mst avec des raports hétérosexuels, homosexuels de temps en temps mais jamais entre filles... Il y a des risques d'attraper une mst ?
Les risques sont plus rares mais oui, c'est possible. Par exemple si celle qui réalise un cunnilingus a une plaie dans la bouche.
- Mon petit frère qui est en prépa est très affecté par ses mauvaises notes, j'ai peur que les méthodes de travail fragilisent son moral... Comment en discuter sans le rabaisser ?
C'est difficile d'amener un ado en prépa à prendre du recul vis-à-vis de ses notes car il ressent une pression très forte de la part des professeurs et il est en compétition avec les autres élèves. Peut-être pourriez-vous commencer par lui demander gentiment comment va son moral, comment il se sent dans cette prépa. Amenez-le à parler de ce qu'il pense du système de prépa, de son intérêt pour les cours, de l'ambiance dans la prépa, etc. Verbaliser ses émotions peut l'aider à prendre de la distance. Et si vous pensez qu'il est déprimé, tentez de le convaincre de consulter un médecin.
Retrouvez le Dr Charlotte Tourmente sur son blog : Le web du Dr Tourmente
En savoir plus
Livre :
- L'adolescent est une personne
Michel Fize
Ed. Le Seuil, février 2006
- Antimanuel d'adolescence
"Toute la vérité, rien que la vérité sur les adolescents"
Michel Fize
Ed. de l'Homme, septembre 2009
- Les nouvelles adolescentes
Michel Fize
Ed. Armand-Colin, avril 2010
- L'adolescence pour les nuls
Michel Fize
Ed. First, mars 2010