Cinq questions sur l'orgasme
Ah l'orgasme et les mythes qui entourent ce mot magique... Beaucoup d'idées reçues entourent la jouissance et elles l'entravent parfois. Le point avec le Dr Faix, urologue et sexologue (responsable du Comité d'Andrologie et de Médecine sexuelle de l'Association Française d'Urologie).
Comment se manifeste un orgasme chez un homme et chez une femme ?
Chez un homme, l'orgasme peut se manifester par des signes généraux comme la rougeur de la peau, une dilatation des pupilles, une augmentation de la fréquence cardiaque, de la tension artérielle, ainsi qu'une contraction du périnée. À l'acmé de l'orgasme, se produit l'éjaculation chez 99% des hommes. Elle est notamment provoquée par la contraction de la prostate et des vésicules séminales et comporte plusieurs saccades, espacées classiquement de 0,8 secondes. Elle s'accompagne de manifestations psychologiques avec une sensation de bien-être et un vécu psychologique et sensoriel qui vous dépasse et vous submerge, que certains sexologues ont appelé « la petite mort ».
Un homme peut-il éjaculer sans jouir et inversement ?
Un homme peut éjaculer sans jouir et inversement, mais cela reste des situations plutôt rares en dehors de situations pathologiques (chirurgie de la prostate par exemple, médicaments). Certains hommes apprennent des techniques orientales issues du Tantrisme pour jouir sans éjaculer et prolonger ainsi le plaisir. Mais la grande majorité des hommes ne cherche pas à dissocier l'éjaculation de l'orgasme !
Chez une femme, l'orgasme peut se manifester par des signes généraux semblables à ceux de l'homme (couleur de la peau, augmentation de la fréquence cardiaque, de la fréquence artérielle, dilatation des pupilles, contraction du périnée), mais aussi spécifiques, avec les mamelons qui se hérissent. Il existe aussi des signes génitaux : les petites lèvres et le clitoris se gorgent de sang, les parois du vagin gonflent, se gorgent de sang et se lubrifient, et pour certains sexologues l'utérus se contracte et le col de l'utérus réalise des mouvements pour aspirer le sperme. Mais tous les signes sont très variables d'une femme à l'autre, certaines auront peu de manifestations et d'autres beaucoup, cela n'a pas forcément d'impact sur l'importance du plaisir.
Comment savoir si l'on a atteint l'orgasme ?
Certains sexologues disent que quand une femme se pose la question, c'est qu'elle n'en a pas eu ! Globalement, c'est plus facile chez les hommes qui ont un repère objectif avec l'éjaculation, concomitante de l'orgasme chez la grande majorité d'entre eux.
Chez les femmes, lorsqu'on leur pose la question, elles décrivent souvent une vague qui les submerge sans que l'on puisse ni cherche à contrôler les sensations physiques et psychologiques particulièrement intenses.
Combien de temps dure un orgasme ?
Masters et Johnson avaient réalisé dans les années 1960 une étude décrivant les quatre phases des réactions du corps lors du rapport sexuel (excitation, plateau, orgasme, résolution). Ils avaient déterminé que l'orgasme durait entre 15 et 30 secondes chez l'homme. Chez la femme, il est parfois plus long et/ou poly-orgasmique (avec plusieurs orgasmes, soit en continu, soit en séparé).
En quoi l'orgasme féminin est-il différent de l'orgasme masculin ?
L'orgasme féminin est plus subjectif que celui de l'homme car une femme n'a pas de repères objectifs visibles comme l'éjaculation chez l’homme, mais uniquement des repères sensoriels beaucoup plus subjectifs. Il peut être multiple (allant de 4 à 10 orgasmes selon Masters et Johnson), continu pendant plusieurs minutes, plus long, ou encore avec des zones de stimulations différentes.
Les femmes ont donc potentiellement un dictionnaire sensoriel varié, concernant les organes génitaux (appelés zones érogènes primaires) et le reste du corps (zones appelées zones érogènes secondaires). Les zones érogènes primaires, comme le vagin et le clitoris sont pourvoyeuses de capacités orgasmiques, mais aussi chez certaines femmes les zones érogènes secondaires, avec les seins, l’anus et pourquoi pas le lobe de l'oreille, ou toute autre partie du corps... qui sont bien évidemment importantes pour la stimulation et l’excitation sexuelle.
Certaines femmes peuvent donc avoir un orgasme sans stimulation génitale grâce aux zones secondaires. Cette capacité dépend de la maturité sexuelle, de déterminants sociologiques (éducation, mode d’entrée dans la sexualité), mais toutes les femmes ne sont peut-être pas forcément similaires sur le plan physiologique, tout comme elles ne le sont pas sur le plan psychologique et relationnel.
Fait-on encore la différence entre orgasme vaginal ou clitoridien ?
On fait bien évidemment la différence lorsque l'on parle du lieu de la stimulation au niveau du clitoris, ou plutôt de son gland qui est la partie visible et facilement accessible, ou au niveau du vagin. De nombreux sexologues se demandent si l'orgasme vaginal ne pourrait pas résulter de la stimulation de la partie interne du clitoris (les bulbes forment une arche qui chevauche la face antérieure du vagin et pourrait être stimulée par la pénétration du pénis). Certains sexologues pensent donc que orgasme vaginal et clitoridien ne ferait donc un et cela pourrait expliquer l'énigme du point G, qui ferait aussi intervenir une partie interne du clitoris.
En résumé, les points de départ sont différents, mais les voies neurologiques pour pouvoir ressentir le plaisir et l'orgasme ont sûrement des points communs quel que soit le lieu de stimulation préférentiel. Il reste néanmoins beaucoup de zones d'ombre sur la compréhension de l’orgasme, sur le rôle du clitoris et de l’utérus, et aussi sur les zones cérébrales qui s’activent et qui commencent à être étudiées par les scientifiques grâce des examens radiologiques sophistiqués ! Sigmund Freud parlait de « continent noir » en terme de compréhension de la sexualité féminine, et il reste encore beaucoup à découvrir.
Existe-t-il des ''trucs'' pour se donner toutes les chances d'avoir un orgasme ?
Le principal conseil à donner et d'avoir confiance en soi et en son partenaire. C'est la conviction que tout le monde à la capacité d'avoir du plaisir mais il faut avoir confiance en soi et dans le regard de son partenaire pour s'abandonner totalement aux sensations. L'orgasme est en effet un moment d'extrême vulnérabilité, qui nécessite un grand lâcher prise.
Quand ce n’est pas le cas, les thérapies comportementales et cognitives peuvent être intéressantes, avec la découverte du corps, des informations concrètes sur la sexualité, une thérapie étape par étape avec une (re)découverte de son corps, de ses sensations en l’intégrant dans la relation avec son partenaire. Les troubles de l'orgasme chez les femmes sont le second motif de consultation en sexologie. Le sexologue vérifiera s'il y a des problèmes médicaux qui peuvent expliquer la situation (problèmes gynécologiques et hormonaux notamment), il essaiera de revoir le parcours personnel (type d’éducation, mode d’entrée dans la sexualité, vécu des premières expériences sexuelles et recherche de mauvais vécu,...). Le simple interrogatoire orienté permet souvent de dépister et de comprendre que lorsque l’on commence « sa sexualité » de façon négative, il est souvent difficile de se construire par la suite une sexualité harmonieuse sans une aide spécialisée.
Peut-on avoir une vie sexuelle satisfaisante sans orgasme ?
Oui, bien sûr ! A condition que le plaisir soit tout de même présent... On peut être très heureux dans une relation affective forte, avec un minimum de plaisir. Mais dans une société normative, les gens qui sont dans cette situation se posent des questions en lisant les magazines, qui leur envoient une norme sexuelle qui n’est pas la leur, notamment dans les capacités et le vécu de l'orgasme.
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La sexualité est un besoin et une source de plaisir pour la plupart d’entre nous, et c’est donc à chacune et chacun de trouver ses capacités, son chemin, sa vérité pour pouvoir s’épanouir pleinement !
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