Dépendance alcoolique : le baclofène sera remboursé
C'est acté. L'arrêté permettant le remboursement du baclofène dans le cadre du traitement contre la dépendance à l'alcool est paru vendredi 13 juin 2014 au Journal officiel. La ministre des Affaires sociales et de la Santé a salué cette avancée majeure pour les patients.
Cette décision fait suite à la recommandation temporaire d'utilisation (RTU)* délivrée à ce produit le 14 mars 2014.
Le baclofène est un relaxant musculaire qui aurait une certaine efficacité pour soigner la dépendance alcoolique. "Pour réduire les inégalités en France, c'est une bonne chose que le baclofène soit remboursé" dans le cadre du sevrage alcoolique, mais de fait, c'était déjà le cas. Il suffit pour le médecin de ne pas mentioner sur l'ordonnance que le médicament est préscrit "hors AMM". Selon Philippe Jaury, coordinateur national de l'essai clinique ''Bacloville'', la pratique est courante. "Il faudrait cependant que l'on forme les médecins car c'est une molécule difficile à prescrire. Cela ne s'improvise pas. Chaque patient réagit différemment. C'est donc un traitement à la carte qu'il faut concevoir et non un menu", précise-t-il.
A travers un arrêté instituant le remboursement du baclofène dans le cadre du traitement de l'alcoolo-dépendance, "la France est le premier pays à reconnaître la réalité de l'utilisation de ce médicament, et son efficacité dans la lutte contre l'alcoolisme", souligne le ministère dans un communiqué. Cette "grande avancée pour les patients permet de de répondre à une préoccupation majeure de santé publique". L'abus d'alcool est responsable de 49.000 morts par an en France, selon une étude de l'Institut Gustave-Roussy, soit de l'ordre de 134 morts par jour.
Commercialisé depuis 1975, le baclofène était déjà autorisé en neurologie - et remboursé - pour traiter des contractures musculaires, mais il était de plus en plus prescrit en dehors de cette indication, c'est-à-dire "hors autorisation de mise sur le marché (AMM)", pour traiter la dépendance à l'alcool. Plusieurs milliers de patients en reçoivent ainsi hors AMM.
*Cette procédure temporaire autorise les médecins à prescrire ouvertement le médicament, dans l'attente de l'obtention d'une AMM, "après échec des autres traitements disponibles".
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