Drame de la maternité de Port-Royal : il n'y a pas eu d'erreur médicale
La maternité de Cochin-Port-Royal a été blanchie par une enquête interne "exceptionnelle" diligentée par une patiente qui avait été renvoyée chez elle, et qui avait perdu son bébé in utero dans la nuit du 31 janvier 2013. Les capacités d'accueil étaient suffisantes et il n'y a pas eu d'erreur médicale, affirme en substance le communiqué de l'AP-HP.
C'était une grossesse sans problèmes. La jeune femme se présente pour une simple consultation de fin de grossesse le 29 janvier 2013. On lui fait part d'un déclenchement à prévoir deux jours plus tard. Le personnel de la maternité la laisse repartir, sans la moindre inquiétude. La paturiente revient dans la nuit du 31 janvier au 1er février, mais avec un foetus mort in utero.
Le père du foetus avait alors mis en cause la maternité et un service "débordé". Affirmant que le drame s'était produit faute de place, dans une maternité de type 3, dont la vocation est de prendre en charge les grossesses les plus difficiles. Les syndicats avaient critiqué le manque d'effectifs et les conditions de travail dans les maternités de l'AP-HP.
Une première enquête rapide réalisée par l'AP-HP n'avait constaté aucun dysfonctionnement apparent, tant au niveau de l'organisation que du diagnostic. L'enquête plus approfondie, dont les résultats ont été rendus publics le 18 mars 2013, va dans le même sens.
"Le rapport est très clair : il n'y a pas eu de faute médicale, ni dans la prise en charge de la paturiente, ni dans les examens qui ont été réalisés, ni dans leurs analyses", explique Mireille Faugère, directrice de l'Assitance publique – Hôpitaux de Paris, dans un etretien au journal Libération (édition du 19 mars 2013).
L'enquête qui a été menée par une mission médicale de plusieurs spécialistes, dirigée par le professeur Bruno Carbonne, président de la collégiale des gynécologues-obstétriciens de l'AP-HP, exclut en effet toute erreur médicale.
"La prise en charge médicale a été conforme aux bonnes pratiques obstétricales telles que définies par les recommandations de la HAS (Haute autorité de santé) : le déclenchement de l'accouchement, tel qu'il avait été planifié, n'a, à aucun moment, présenté un caractère urgent, en l'absence de risque fœtal identifiable", précise le communiqué de l'AP-HP.
Conformément à la demande de la ministre de la Santé Marisol Touraine, avant d'être rendu public, le rapport d'enquête a été remis aux parents par le professeur Carbonne qui s'est entretenu avec eux.
Selon lui, "dans l'ensemble de cette affaire, manifestement il y a eu une incompréhension (...) et peut-être une perte de confiance dans l'équipe" qui suivait la patiente. "La maternité de Port-Royal (...) a une compétence reconnue pour les grossesses à hauts risques, mais il y a probablement des efforts à faire dans la prise en charge des grossesses dites à bas risques", a-t-il convenu. La grossesse de cette patiente, même s'il y a eu mort foetale, appartenait à cette catégorie.
La mission d'enquête a toutefois préconisé d'améliorer l'accueil et la prise en charge des patientes, une enquête judiciaire est toujours en cours et les résultats de l'autopsie n'ont pas été encore communiqués.
En savoir plus
Sur Allodocteurs.fr :
- Drame de la maternité de Port-Royal : première enquête et nouvelle plainte
- Maternité de Port-Royal : mort d'un bébé in utero, triple enquête ouverte
- Grossesse : comment détécter une souffrance foetale ?
- Maternités fermées : plus de risques pour les femmes enceintes ?
- Maternité de Port-Royal : répétition générale avant ouverture
- Maternités : les grossesses à risques sont-elles bien prises en charge ?