Electro-hypersensibilité : une souffrance reconnue ?
Pour la première fois, un homme souffrant d'électrosensibilité s'est vu accorder une aide financière pour sa pathologie par la Maison départementale des personnes handicapées de l'Essonne. De quoi s'équiper et se protéger contre les ondes électromagnétiques. L'homme qui a reçu l'indemnisation a 32 ans ; il vit dans le sud de l'Essonne. Il ne supporte pas les ondes des télécommunications. Aujourd'hui il est en arrêt de travail.
Les EHS ou électro-hypersensibles ne supportent aucune exposition aux ondes. Détecteur de fréquence en main, leurs sorties sont chronométrées. Douleurs récurrentes, troubles digestifs... des symptômes qui deviennent répétitifs et insupportables pour les électro-hypersensibles comme Jonathan.
Pour le professeur Dominique Belpomme*, consultant en médecine environnementale, le lien entre ces symptômes et l'exposition aux ondes est évident : "Lorsque les malades s'approchent d'une source électromagnétique, les symptômes cliniques apparaissent. Et lorsqu'ils s'en éloignent, les symptômes cliniques disparaissent. Deuxième argument : les anomalies biologiques constatées sont exactement celles constatées lorsqu'on soumet des rats à des champs électromagnétiques".
L'électrosensibilité reconnue comme un handicap ?
Les électro-hypersensibles suivent un traitement principalement à base d'oméga 3 et d'antioxydants. Au quotidien, cette pathologie handicape fortement ceux qui en sont atteints, c'est du moins l'appréciation de la maison départementale des personnes handicapées de l'Essonne qui reconnaît les malades comme handicapés et qui verse une allocation à Jonathan. Une première en France pour les électrosensibles : "Nous ne pouvons pas dire que l'électrosensibilité est une maladie à reconnaître. On dit juste que dans le cas individuel de Jonathan, l'électrosensibilité de la personne l'empêche d'avoir une vie normale donc c'est un handicap qu'il faut compenser", explique Olivier Desmazeaud, directeur de la maison départementale des personnes handicapées. L'allocation permet notamment à Jonathan d'aménager sa maison et ainsi de limiter au maximum son exposition.
La communauté médicale française divisée
Le cas de Jonathan, et de l'électrohypersensibilité en général, divise la communauté médicale française. Pour la majorité des médecins, le lien entre cette pathologie et l'exposition aux ondes n'a jamais été prouvé. "Il s'agit d'abord d'une maladie de nature psychosomatique dans laquelle on a des troubles qui sont plus psychologiques que réellement physiques. Deuxièmement, je pense que ce trouble est aggravé par un certain nombre d'allégations dans lesquelles on les renforce dans la croyance que les ondes sont directement à l'origine de leur pathologie", explique le professeur André Aurengo*, chef de service de médecine nucléaire à l'hôpital La Pitié-Salpêtrière.
En France, entre 1 et 2% de la population déclare souffrir d'électrosensibilité.
En savoir plus sur l'électrosensibilité
- Ondes électromagnétiques : la guerre des lobbies, chronique du 13 mars 2014.
- Jean-Yves Cendrey : témoignage d'un électrosensible, invité du 15 octobre 2013.
- Ondes : ''pas d'effet avéré sur la santé'' selon l'Anses, article du 15 octobre 2013.
- Les tablettes à l'école, excès d'ondes Wifi pour les enfants ?, article du 27 mars 2013.
- Ondes et santé : l'étude impossible ?, article du 16 octobre 2013
- Ondes électromagnétiques et santé : faut-il s'inquiéter ?, la chronique de David Zavaglia, du 10 janvier 2013
- Les ondes électromagnétiques en ligne de mire, dossier complet
* Les deux scientifiques ont déclaré n'avoir aucun conflit d'intérêt relatif à ce dossier (déclaration à télécharger ci-dessous)