Hôtel-Dieu : le coup de force de la direction
Un camion de déménagement s'est présenté ce matin à 7h00 devant l'hôpital de l'Hôtel-Dieu. Les déménageurs ont pour mission d'embarquer les lits du service de médecine interne. Les syndicats et le collectif "L'Hôpital pour tous" se mobilisent.
La direction de l'Hôtel-Dieu confirme sa détermination à fermer les urgences du plus vieil hôpital parisien. La virulente mise en garde contre le risque sanitaire à maintenir les urgences ouvertes émise par le professeur Loïc Capron, président de la Commission médicale d'établissement (CME), a laissé place ce matin a une action coup de poing menée par la direction de l'hôpital. En effet, cette dernière a fait appel à une entreprise de déménagement pour vider le service de médecine interne, essentiel au bon fonctionnement des urgences.
Dès l'arrivée des déménageurs, "nous avons barricadé l'entrée", témoigne Guillaume Gandoin, infirmier-urgentiste à l'hôpital Hôtel-Dieu, présent sur place. Pourtant, chaque été, "les lits de ce service sont fermés mais, cette fois-ci, la fermeture est déguisée. Les lits sont en réalité transférés à l'hôpital Cochin", explique-t-il. La direction de l'AP-HP, ne nie pas le déroulement de cette opération. Elle confirme, en effet, que : "15 lits ont temporairement été fermés et seront ré ouverts le 2 septembre à Cochin". Par ailleurs, "le service de médecine interne de l'Hôtel-Dieu conservera les 17 lits ouverts", atteste l'AP-HP . Cette initiative est, toutefois, perçue comme une manipulation selon le point de vue de l'urgentiste, Dr Gérald Kierzek. "En destituant les services de leur matériel, ils provoquent volontairement une situation d'insécurité pour les patients", se révolte le fervent opposant de la fermeture du service des urgences de l'Hôtel-Dieu. Il dénonce, ainsi, une organisation ayant pour seul but de mener une insuffisance de moyens. Les normes de sécurité ne seraient alors plus respectées et la fermeture des urgences deviendrait légitime. "C'est notre limite au Dr Kierzek et moi. Si les urgences ne sont plus aux normes, on acceptera la fermeture. La sécurité des patients est avant tout notre priorité", dit Guillaume Gandoin.
Un enjeu politique, économique et sanitaire
L'intervention par le déménagement revêt une dimension politique. "Le Pr Capron veut affronter la décision ministérielle de repousser la fermeture de l'Hôtel-Dieu, prise par la ministre la Santé, Marisol Touraine, il y a quelques semaines", explique le Dr Kierzek. Accompagné de la directrice générale de l'AP-HP Mireille Faugère, le professeur Loïc Capron, président de la Commission européenne (CME), a vu ses ardeurs freinées au sujet de la fermeture des urgences par des conseillers à l'Elysée. Ces derniers lui ont conseillés de prendre en compte "le contexte politique local". Une directive qui laisse le Pr Capron indifférent. Hier, jeudi 1 août, le représentant de l'autorité médicale de l'AP-HP, a mis en garde contre le risque sanitaire à maintenir les urgences de l'Hôtel-Dieu. Alors que plusieurs millions d'euros ont été investis dans cet hôpital ces cinq dernières années. Un financement qui lui a permis d'être rénové et modernisé. Aujourd'hui, l'AP-HP vide ses locaux de son matériel neuf. "Et après, on nous accuse de dépenser l'argent public, cherchez l'erreur", dit Guillaume Gandoin.
La période de canicule actuelle et la panne de la climatisation à l'hôpital Bichat inquiètent les urgentistes.
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