Les chercheurs se mobilisent contre le chikungunya
Une épidémie de chikungunya sévit actuellement aux Antilles. 8.000 personnes auraient consulté pour cette maladie. Des chercheurs travaillent actuellement sur ce virus, découvert dans les années 50 sur le continent africain. Et en une dizaine d'années il a livré quelques secrets importants.
Les Antillais découvrent cette année les symptômes particulièrement violents du chikungunya. Leur ennemi habituel, c'est la dengue transmise par le même moustique tigre. Mais l'épidémie actuelle est tellement plus impressionnante que certains commencent à imaginer d'autres explications comme l'explique le Pr André Cabié, du service Maladies infectieuses et tropicales au CHU de Fort-de-France : "Au fil du temps, un certain nombre de rumeurs se sont mises à circuler aussi bien en Martinique qu'en Guadeloupe. Ces rumeurs étant que la maladie n'était en fait pas transmise par un moustique mais elle se trouvait dans l'air, elle faisait suite à des expérimentations, qu'il s'agissait d'un complot…".
La contre-attaque des autorités sanitaires commence alors pour stopper les croyances qui exploitent le trouble de la population devant ce virus. Car le chikungunya provoque presque toujours des symptômes chez ses victimes, à l'inverse de la dengue mieux connue des Antillais.
Un seul moustique peut à lui tout seul piquer toute une famille le même jour. Ou comme il vit dans la maison, à quelques jours d'intervalle. Et la virulence des symptômes s'explique par la rapidité avec laquelle le virus se multiplie dans notre organisme : "Après la piqûre d'un moustique qui transmet le virus du chikungunya, en quelques heures le virus va se multiplier de façon très intense pour atteindre des taux de plusieurs millions de particules virales par millilitre de sang, et atteindre les articulations, les muscles, la peau et dans les formes graves, le système nerveux central", confie le Pr Marc Lecuit, de l'unité de biologie des infections à l'Institut Pasteur.
Les atteintes du système nerveux central peuvent provoquer des décès dans de très rares cas. En revanche les douleurs articulaires qui durent des mois voire des années après l'infection sont beaucoup plus fréquentes. Elles sont au cœur de la recherche. Selon le Pr Lecuit, il est nécessaire de "recueillir des prélèvements (sanguins ou articulaires) afin de voir où se trouve le virus, la nature de la réponse inflammatoire… Si on comprend vraiment ce qui se passe, on pourra éventuellement mettre en place des thérapeutiques ciblées spécifiques qui bloqueront les symptômes".
Si les chercheurs n'ont pas encore percé tous les secrets de ce virus, ils ont décrypté le mécanisme qui lui permet de contaminer les cellules. En attendant la mise au point d'un vaccin, le meilleur moyen de se protéger du chikungunya reste l'association de vêtements longs, de répulsif sur la peau et d'une moustiquaire la nuit.
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