Les oméga 3 au cœur de la lutte contre l'obésité
Manger des aliments contenant des oméga 3, c'est-à-dire de "bons" acides gras, pourrait contribuer à éviter l'obésité. Les processus protecteurs impliqués viennent d'être identifiés par une équipe franco-anglo-japonaise. Elle a mis au jour une mutation génétique qui relie les oméga 3 au risque de devenir obèse.
- Entretien avec Amélie Bonnefond, chercheur en génétique de l'obésité, invitée dans le Magazine de la santé du 21 février 2012 -
"Il s'agit d'abord et surtout d'un argument supplémentaire en faveur d'une alimentation équilibrée et plus précisément riche en aliments contenant des oméga 3", annonce d'emblée le Pr. Philippe Froguel, endocrinologue et chercheur au CNRS-Pasteur à Lille ainsi qu'à l'Imperial College de Londres. Les tout derniers travaux publiés par son équipe dans la revue Nature confirment en effet la nécessité de manger des "poissons gras", comme le saumon et le maquereau, et d'utiliser des huiles végétales comme celles de colza, de noix ou de soja par exemple.
L'étude montre en effet précisément "comment marchent ces oméga 3", poursuit le Pr. Froguel. "Ils agissent sur un des capteurs chargés d'adapter la réponse de l'organisme à l'alimentation. Un récepteur majeur, qui intervient au niveau de la production d'insuline (chargée de contrôler la quantité de sucre dans le sang), du stockage des graisses mais aussi de la sensation de satiété et même du goût pour les aliments gras." Autrement dit, très schématiquement, les oméga 3 stimulent des chaînes de réaction qui maîtrisent la circulation des sucres dans l'organisme, qui évitent son "encrassage" par de mauvaises graisses, sans oublier de diminuer l'appétit en général et l'envie de manger des aliments gras en particulier. Et tous ces processus freinent non seulement l'obésité en tant que telle mais aussi l'apparition de ses complications.
Les oméga 3 seraient des "gardiens" anti-obésité
L'identification de ce capteur et de ses fonctions a été permise par la découverte d'une mutation sur un gène qui produit justement les récepteurs aux oméga 3 dans des organes comme le foie ou l'intestin. "Nous avons montré que cette mutation rend le récepteur totalement inactif et augmente de 60 % le risque de développer une obésité", explique le Pr. Froguel. Des souris ainsi "mutées" et soumises à un régime gras et sucré sont devenues obèses beaucoup plus vite que les autres. Elles sont surtout devenues diabétiques et ont présenté de graves atteintes au niveau du foie (cirrhose) et des artères (rétrécissement dangereux).
"Les oméga 3 agissent donc comme des "gardiens", résume le Pr. Froguel. Renforcer leur action en activant leur récepteur serait une piste de traitement d'autant plus intéressante que la protéine en cause est déjà connue de l'industrie pharmaceutique. Mais attention, la solution n'est sûrement pas dans telle ou telle pilule. Il faut toujours commencer par le style de vie."
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