Maternités au bord de la crise de nerfs
Le service des urgences gynécologiques de l'hôpital Trousseau, à Paris, entame une grève illimitée, à compter de ce matin, mardi 27 novembre 2012. En cause, les sous-effectifs et la vetusté du matériel.
Depuis le début de l'année, une quinzaine d'accouchements supplémentaires sont realisés chaque jour dans cet hôpital pédiatrique parisien. Il n'y a plus de lit disponible et le personnel manque.
Françoise Fouquet, infirmière affiliée au syndicat FO, décrit une situation de grande fatigue dans son service : "Le nombre d'accouchements a bondi de 50% par rapport à l'an passé en raison du transfert, en février 2012, d'une partie de la maternité de l'hôpital Saint-Antoine. A l'occasion de ce transfert, des postes ont été supprimés. Même avec les heures supplémentaires et l'interim, les personnels ne parviennent plus à faire face, ils sont épuisés. A force de tirer sur la corde, certains s'arrêtent. Aujourd'hui, par exemple, il manque quatre aides-soignants."
Les personnels en grève ont rendez-vous ce mardi 27 novembre 2012 avec la direction de l'hôpital pédiatrique pour entendre ces revendications.
En France, la natalité est toujours une des plus élevées d'Europe et la plupart des maternités manquent de personnel. Le temps d'hospitalisation des mamans a été réduit pour libérer rapidement des lits mais cela ne suffit pas.
La colère gronde car une bonne partie du personnel frise le "burn out" à cause de la surcharge de travail. Les heures supplémentaires s'accumulent, il y en a tant qu'une bonne partie du personnel renonce à se les faire payer. Cette situation découle d'une politique menée depuis une trentaine d'années qui vise pourtant à améliorer la qualité des soins.
En 1970, la France comptait 1 300 maternités. Il en reste aujourd'hui 500. Cette suppression d'un grand nombre de maternités a permis de mieux en équiper d'autres. Le but étant de sacrifier les maternités les plus petites et les moins bien loties pour favoriser les grosses qui accueillaient déjà un plus grand nombre de naissances. Ce plan national de regroupement a permis la création de pôles de maternités à la pointe de la modernisation. L'hôpital Trousseau, aujourd'hui en grève, vient d'ailleurs d'intégrer les services pédiatriques de l'hôpital Saint-Antoine.
La surcharge de travail dans la plupart des services, la désertification médicale et l'accès aux soins parfois difficile, sont le revers de la médaille. Le 19 octobre 2012, une jeune femme accouchait sur l'autoroute et perdait son bébé car elle n'avait pas eu le temps d'atteindre l'hôpital de Brive situé à une heure de route de son domicile. Ce drame relançait la polémique sur les disparités régionales et les déserts médicaux. Deux maternités ont fermé à Figeac et à Gourdon dans le département du Lot depuis 2009.
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