Pollen et pollution : des liaisons dangereuses
Les habitants des villes, soumis à la pollution de l'air, ont une probabilité plus élevée d'être allergiques aux pollens que ceux des campagnes, comme l'ont démontré de nombreuses études épidémiologiques. Comment expliquer cet apparent paradoxe ?
Dans l'état actuel des connaissances scientifiques, quatre phénomènes (qui s'ajoutent les uns aux autres) expliquent ce paradoxe.
En premier lieu, de nombreux travaux ont révélé que certains polluants urbains fragilisent la structure externe du grain de pollen. D'une part, cette fragilité augmente le risque que l'allergène soit libéré. Mais, comme le précise un rapport de l'Anses diffusé le 20 mars 2014, cette dégradation a également pour effet de fragmenter les grains et les particules allergènes "à une taille qui leur [permet] ensuite de pénétrer dans le système respiratoire bien plus profondément que les grains de pollen". Alors que la plupart des grains de pollens allergisants ont une taille comprise entre 20 et 40 micromètres, ces fragments atteignent les dimensions des particules fines (de 0,5 à 4,5 micromètres).
Deuxième phénomène identifié : certaines polluants(1) déclenchent des réactions immunitaires (production de substances régulant l'activité de diverses cellules par les globules blancs) qui semblent augmenter la sensibilité à différents allergènes. "Les polluants atmosphériques peuvent favoriser la réaction allergique en abaissant le seuil de réactivité bronchique et/ou en accentuant l'irritation des muqueuses nasales ou oculaires", détaille le rapport de l'Anses. "Par exemple, l'ozone altère les muqueuses respiratoires et augmente leur perméabilité, ce qui engendre une réaction allergique à des concentrations de pollen plus faibles."
Les polluants urbains pourraient également avoir une incidence sur la quantité de molécules allergènes présentes par grain de pollen. Toutefois, "à l'heure actuelle, s'il est possible d'affirmer que la pollution atmosphérique augmente le potentiel allergisant des grains de pollens dans certains cas, l'effet inverse a également été observé", tient à nuancer l'Anses.
D'autres travaux, réalisés en laboratoire, ont enfin révélé que certains pollens peuvent se lier aux particules de diesel. Respirés, ces "couples" sont plus difficiles à éliminer par l'organisme, et sont plus irritants.
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(1) Notamment les particules fines produites par les moteurs diesel.
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