Prévention du cancer : pas d'aliment miracle !
Pour prévenir ou retarder l'apparition de cancers, pas d'aliment miracle, mais des habitudes alimentaires équilibrées, dans la durée ! Ce sont les conclusions des chercheurs réunis à Paris, du 19 au 21 juin 2012, à l'occasion du congrès Eurocancer.
Le lien entre alimentation et cancer
"Il ne s'agit pas de manger du brocoli ou du poisson, mais d'acquérir des habitudes alimentaires équilibrées", relève le Pr. Philippe Bougnoux, cancérologue au CHU de Tours, qui participe aux travaux de l'unité Inserm "Nutrition, croissance et cancer".
Le lien entre alimentation et cancer a fait l'objet de plusieurs grandes études épidémiologiques ces dernières années, mais très peu de données existent sur les mécanismes en cause.
"Il y a eu beaucoup d'effets d'annonces et beaucoup d'études peu sérieuses, ce qui ne facilite pas les choses", reconnaît le professeur Bougnoux, dont l'un des axes de recherche concerne les acides gras oméga 3 et leur impact sur une possible récidive de cancer du sein.
Tout en rappelant que l'alimentation "ne donne pas le cancer car ce sont des mutations génétiques qui sont en cause", le cancérologue évalue la part nutritionnelle du risque de cancer à une valeur comprise entre 25 et 40 %.
Cancer : les facteurs de protection
Selon Paule Latino-Martel, directrice de recherche à l'unité de recherche en épidémiologie nutritionnelle de l'Inserm, "un tiers des cancers les plus communs pourraient être réduits", estime-t-elle, si on appliquait les recommandations édictées en 2009 pour la population française.
Basées sur des études épidémiologiques, ces recommandations faisaient état de trois facteurs de protection et de cinq facteurs d'augmentation de risque.
Au chapitre de la protection, figurent l'exercice physique (au moins une demi-heure par jour) qui diminue les risques de cancer du côlon et du sein, les fruits et légumes qui pourraient agir sur les cancers de la bouche et de l'estomac, et l'allaitement qui réduit le risque de cancer du sein.
Le risque est en revanche accru avec les boissons alcoolisées (risque de cancer digestif augmentant avec la quantité ingérée), l'obésité (risque de cancer du sein, de l'endomètre, du côlon et du pancréas), l'excès de consommation de charcuterie et de viande rouge (plus de 500 g par semaine), le sel et les aliments salés et les compléments à base de bêta-carotène.
Quelle alimentation ?
En attendant des études plus poussées, le Pr. Bougnoux préconise une "alimentation de type méditerranéen, avec une balance énergétique équilibrée", qui évite les suppléments alimentaires. Les anti-oxydants tout comme les oméga 3 sont utiles à dose nutritionnelle, mais pas sous forme de compléments alimentaires, ajoute-t-il, citant des données expérimentales faisant apparaître des effets néfastes en cas de surdose. Les mêmes recommandations s'appliquent aux malades pour éviter ou retarder une éventuelle récidive.
Enfin, selon lui, c'est aussi la chaîne alimentaire qui est à remettre en question. Les poissons d'élevage, par exemple, perdent leur richesse en acides gras polyinsaturés, considérés comme protecteurs, car ils n'ont plus accès au phytoplancton, leur nourriture naturelle.
"Il est difficile de changer les habitudes alimentaires, mais on pourrait déjà modifier l'alimentation des animaux", ajoute le cancérologue.
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