Retrouver le sommeil... sans les ronflements !
On les siffle, on les pince, on les bouscule... Mais les ronfleurs ne font pas qu'empêcher leurs proches de dormir. Le ronflement peut en effet être le signe d'un sommeil de mauvaise qualité, voire d'un problème d'apnée du sommeil. Comment savoir ? Quels sont les traitements ?
Qu'est-ce que le ronflement ?
Dix millions de Français ronflent la nuit. Entre 30 et 50 ans, 60% des ronfleurs sont des hommes. Mais passé 60 ans, les différences entre les deux sexes s'estompent. Les causes du ronflement sont très nombreuses.
En plus d'empêcher leurs proches de dormir, pour deux millions de personnes les ronflements vont s'accompagner d'apnées du sommeil, des apnées respiratoires qui peuvent durer plus de dix secondes et qui peuvent se reproduire plus d'une centaine de fois en une seule nuit. Le sommeil n'est alors plus du tout reposant, il se transforme même en marathon. Résultat au réveil : fatigue, somnolence, difficulté de concentration, troubles de la mémoire, voire si les apnées ne sont pas traitées, des troubles cardiaques ou hypertension artérielle…
L'air que nous inspirons et expirons circule dans nos voies aériennes supérieures. Il traverse les fosses nasales ou la bouche. Il passe ensuite à l'avant ou à l'arrière du voile du palais, aussi appelé palais mou, car il n'est pas soutenu par un os. Le voile du palais se termine par la luette, au fond de la bouche. L'air gagne ensuite le pharynx et enfin la trachée jusqu'aux poumons. Il s'agit de la circulation normale de l'air quand on est debout.
Quand on s'allonge, cette circulation est gênée par les muscles qui se détendent. Les muscles de la langue et le voile du palais s'affaissent, parfois jusqu'à toucher le fond de la gorge. Cet affaissement dérange le passage de l'air. Celui-ci passe tout de même, en exerçant une pression qui soulève les organes et les fait vibrer. Cette vibration se propage dans la gorge, la bouche et les cavités nasales. Elle provoque alors un bruit : le ronflement.
Ce phénomène est renforcé chez les personnes en surpoids. Le dépôt de graisse renforce en effet l'obstruction des voies aériennes supérieures. Le tabac, l'alcool, ou encore la prise de certains médicaments peuvent également être des facteurs d'aggravation.
Quand les ronflements ont un retentissement trop négatif sur la qualité de vie du patient ou de son conjoint, une intervention peut être envisagée. Plusieurs techniques chirurgicales existent désormais. Plus ou moins lourdes, elles ont pour objectif l'ablation ou la réduction du volume du voile du palais.
Diagnostiquer le ronflement
En plus du désagrément pour le partenaire, le ronflement perturbe la qualité du sommeil, qui devient de plus en plus mauvaise. Certaines personnes s'arrêtent même de respirer pendant quelques secondes : c'est l'apnée du sommeil.
Malgré des opérations ou des appareillages, certains patients continuent de ronfler. En cause le plus souvent, un diagnostic incomplet ou erroné car effectué sur un patient éveillé. Dans ce cas, un examen peu connu en France et pourtant très utile peut être efffectué : l'endoscopie sous sommeil induit.
"L'idée de l'endoscopie sous sommeil induit, c'est d'essayer de reproduire les conditions du sommeil. Quand on examine un patient en consultation, il est réveillé, en général il est assis donc on a un mauvais reflet de ce qui se passe. Et avec cet examen, on va examiner ce qui se passe au niveau du pharynx lors du sommeil. Le sommeil est induit par des drogues anesthésiques et on va observer ce qui coince", explique le Dr Laurent Yona, chirurgien ORL.
Pour réaliser l'examen, l'ORL utilise un fibroscope, un instrument souple équipé d'une caméra qui permet d'explorer des espaces très réduits et de visualiser les images filmées sur un écran.
La chirurgie du ronflement
Le ronflement peut aussi être causé par une déformation du nez et de l'intérieur de la cavité buccale. Et lorsque les dispositifs médicaux de première intention (orthèse, pression positive continue PPC…) ne sont pas ou plus efficaces contre les ronflements, les spécialistes peuvent être amenés à proposer une intervention chirurgicale.
Un appareil pour bien dormir
Le traitement de référence contre l'apnée du sommeil est la ventilation spontanée en pression positive continue. Cette technique maintient la gorge ouverte en délivrant une pression assez forte pour empêcher que les voies aériennes se ferment. Elle empêche donc le ronflement et l'apnée.
Ce système est très efficace mais n'est pas facile à utiliser, puisqu'il faut fixer sur son visage un masque relié au système de pression, ce qui provoque des sécheresses du nez et des marques rouges autour du nez.
Le choix de l'orthèse dentaire
L'orthèse est une des solutions proposées aux personnes qui souffrent de ronflements et d'apnées du sommeil légères. Il s'agit d'une sorte d'appareil dentaire en résine que l'on doit porter pendant la nuit.
L'orthèse est un appareil en résine que les patients doivent garder dans la bouche durant la nuit. Avant de prendre les premières mesures, il faut s'assurer de la qualité des dents du patient et de la solidité des os de sa mâchoire.
Le but de l'orthèse est de corriger l'obstruction des voies respiratoires qui cause le ronflement. L'orthèse va avancer la mâchoire inférieure, la langue sera ainsi maintenue en avant ce qui permettra au patient de respirer normalement.
Pour que le mécanisme fonctionne, il est indispensable de fabriquer l'orthèse sur mesure. Tout commence par la prise d'une empreinte de la bouche du patient. Une plaque de cire permet ensuite d'évaluer l'occlusion, c'est-à-dire l'emboîtement des dents du haut sur celles du bas. Puis le chirurgien dentiste calcule l'avancée maximale de la mâchoire inférieure.
Une fois les mesures réalisées, les patients viennent rechercher leur orthèse quelques semaines plus tard.
Cette orthèse est prescrite dans deux cas précis : en cas de ronflement et dans le cas d'apnées du sommeil, mais pas dans tous les types d'apnées surtout en cas d'apnées modérées.