Sang de cordon : vers la création de banques ''familiales et solidaires''
Le Comité consultatif national d'éthique (CCNE) maintient son opposition aux banques privées de sang de cordon, mais entrouvre la porte à des banques "familiales et solidaires" qui conserveraient les cellules souches sanguines provenant du cordon ombilical, pour soigner des maladies héréditaires au sein d'une même famille.
Le Comité consultatif national d'éthique (CCNE) propose ainsi de "favoriser le développement de biobanques à caractère familial et solidaire" qui recueilleraient le sang des cordon et placenta des frères et soeurs d'un jeune patient atteint d'une maladie sanguine héréditaire de l'hémoglobine (drépanocytose, thalassémie).
Les dons qui ne seraient finalement pas utilisés par la famille rejoindraient le don solidaire et anonyme, pour autrui, qui prévaut déjà dans les biobanques publiques.
Les cellules souches du sang de cordon : "jeunes et naïves"
Les cellules souches hématopoïétiques sont des cellules qui permettent de reconstituer la moelle osseuse, qui fabrique nos globules.
De telles cellules, qui se trouvent dans la moelle, sont utilisées pour des greffes de moelle classiques avec donneurs, par exemple pour traiter des leucémies.
Mais celles du cordon "jeunes et naïves", présentent bien des avantages. "On a transformé un déchet de soins en organe noble, pour maintenant et pour l'avenir", souligne le Pr. Alain Grimfeld, président du CCNE.
Problème, les dons sont très largement insuffisants. "On dénombre 600 000 unités de sang de cordon dans le monde destinées à être données à un receveur (allogreffe). Il en faudrait au moins 2 à 3 millions", dit le Dr Bertrand Weil, membre du CCNE. En regard, il y a 18 millions de donneurs potentiels de moelle dans le monde, ce qui offre actuellement plus de de chances de trouver un donneur compatible qu'avec le sang de cordon.
Du bon usage de ces cellules souches
La France, qui fut pionnière dans ce domaine est en déficit, souligne le Dr Weil. 63 % des unités de sang de cordon (UCB) qui y sont greffées proviennent de l'étranger.
Le pays ne dispose que de 15 000 unités contre 100 000 en Allemagne.
Le Comité d'Ethique prône donc de faire une "vaste information auprès des femmes enceintes" en faveur de ce don des produits du cordon et du placenta, en sollicitant leur consentement "bien avant la naissance".
En revanche, comme en 2002, il maintient son opposition aux banques privées de sang de cordon, qui proposent dans d'autres pays de payer cher pour conserver ces précieuses cellules en vue d'un très éventuel usage thérapeutique, "sans fondement scientifique".
"Il y a un million de banques de sang de cordon dans le monde qui sont majoritairement à usage personnel (dit "autologue" : le donneur étant le receveur) et très majoritairement à but lucratif et à publicités mensongères", dénonce le Dr Weil.
Les principales indications du sang de cordon, de plus en plus utilisé chez l'adulte, sont les mêmes que celles de moelle osseuse (leucémies, déficits immunitaires congénitaux...), selon l'Agence de la biomédecine.
Il existe aussi des cellules intéressantes dans la paroi du cordon, le placenta et ses annexes, comme les cellules mésenchymateuses.
Elles font l'objet d'expérimentations porteuses d'espoir, en néonatalogie, pour des infirmités motrices cérébrales et la réparation de fente labio-palatine (bec de lièvre grave) en administrant à l'enfant son propre sang de cordon, relève, Patrick Gaudray du CCNE.
Ainsi, le Comité d'Ethique n'est pas fermé à des ouvertures sur des usages autologues (pour soi-même) de méthodes de médecine régénératrice ou réparatrice qui auront fait leurs preuves.
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