Sclérose en plaques : la piste du sel
Les patients atteints de formes rémittentes de sclérose en plaques (SEP), et présentant de forts taux de sels dans les urines, sont plus susceptibles que les autres d'avoir une poussée de la maladie dans les deux ans, selon des travaux argentins publiés fin août 2014 dans le Journal of Neurosurgery and Psychiatry.
Plusieurs expériences menées en 2013 sur des souris atteintes de maladies auto-immunes touchant le système nerveux ont suggéré qu'une augmentation de l'apport en sel dans leur alimentation entraînait un développement plus agressif de la pathologie.
A la lumière de ces travaux, une équipe de chercheurs argentins a mesuré durant deux ans les taux de sel dans les urines de 70 patients atteints de formes rémittentes de sclérose en plaques (voir encadré).
En dépit du nombre réduit de malades intégrés dans l'étude, les résultats de ce suivi se sont avérés très nets d'un point de vue statistique : comparés au patients présentant des taux de sel dans les urines inférieurs à 2,0 grammes quotidiens, ceux excrétant entre 2,0 et 4,8 g/j présentaient un risque 1,3 à 5,8 fois plus important de voir survenir une nouvelle poussée. Les membres du groupe présentant des taux de sels supérieurs voyaient pour leur part ce risque multiplié de 1,4 à 11,2.
Du fait des précédentes expériences sur la souris, l'idée d'un lien de cause à effet entre consommation de sel et développement de formes agressives de SEP apparaît plausible – d'autant plus que de nombreux autres facteurs environnementaux sont déjà considérés comme favorisant le déclenchement de la maladie (carence en vitamine D, infection par le virus Epstein-Barr, etc.).
Toutefois, les chercheurs eux-mêmes se gardent bien d'affirmer ce lien de cause à effet. De fait, soulignent-ils, il n'est pas à exclure que des formes plus agressives de la maladie puissent entraîner de troubles de l'assimilation du sel (du fait de leur traitement ou de lésions de certains organes dues à des poussées antérieures de SEP). De faible taux de sels dans les urines seraient alors une simple conséquence de la maladie. Toutefois, même en affinant leurs mesures pour intégrer cette hypothèse, les scientifiques confirment qu'une très forte présomption pèse sur l'implication du sel dans la stimulation de certains processus immunitaires.
Des expériences récentes, menées in vitro, ont ainsi montré que les taux de sels sont des facteurs clefs dans la différenciation de plusieurs cellules immunitaires. De nouvelles études au cours desquelles les taux de sels ingérés par les patients seraient mesurés sur plusieurs années seront nécessaires pour confirmer les soupçons.
Quoi qu'il en soit, et dans l'attente de ces nouvelles données, inviter les malades à réduire un peu leur consommation de sel ne peut pas faire grand mal !
Source : Sodium intake is associated with increased disease activity in multiple sclerosis. M.F. Farez et coll. JNNP, 28 août 2014. doi:10.1136/jnnp-2014-307928
En savoir plus sur le sel :
- Le sel : ni trop, ni trop peu, article du 1er septembre 2014.
- Alimentation : l'excès de sel tue, article du 14 août 2014.
- Le lobby du sel, un lobby très puissant, chronique du 4 octobre 2013.
- On mange moins salé, mais encore trop ! article du 9 novembre 2012.
- Moins de sel protègerait du cancer de l'estomac, article du 26 juillet 2012.
La sclérose en plaques (SEP) est une maladie auto-immune dans laquelle le système immunitaire se retourne contre la myéline, la gaine qui entoure les neurones. Lorsque la maladie évolue sous forme de poussées (présence de symptômes durant quelques jours ou semaines, puis à leur disparition ou atténuation), on parle de SEP rémittente. Lorsque le handicap progresse de façon continue, il s'agit d'une SEP progressive.