Bientôt la fin des nitrites dans la charcuterie ?
Un rapport parlementaire demande l’interdiction totale des nitrites d’ici 2025 dans les charcuteries. Ces additifs pourraient favoriser l’apparition de certains cancers.
E250 : vous avez peut-être déjà vu ce code sur les emballages de charcuteries. Peu de consommateurs le savent mais il désigne en fait les nitrites. Ces additifs sont utilisés pour allonger la durée de conservation des aliments et éviter leur oxydation.
Les nitrites donnent sa couleur rose au jambon
Mais, selon Camille Dorioz, directeur de campagne chez Foodwatch, les nitrites ont surtout un avantage “marketing”. “Ça va permettre, et c’est très important pour les industriels, de conserver la couleur rose du jambon. Normalement le jambon blanc, s’il n’y a pas de nitrites, va être plutôt gris.”
Depuis plusieurs années, l’ONG Foodwatch dénonce la présence des nitrites dans la charcuterie. Ils seraient en effet dangereux pour la santé. Océane Martin, chercheuse en biologie à l’INSERM, explique : “les nitrites en eux-mêmes ne sont pas cancérigènes. On en retrouve dans l’environnement. Par exemple, dans les fruits et légumes, qui sont eux plutôt associés à un rôle protecteur du cancer. C’est la combinaison entre la charcuterie et les nitrites qui va favoriser la formation de composés toxiques”.
La charcuterie, un “cancérigène avéré” selon l’OMS
L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) classe la charcuterie dans les cancérigènes avérés et recommande de ne pas en consommer plus de 150 grammes par semaine. Elle pourrait favoriser l’apparition de certains cancers. Selon le Pr Axel Kahn, président de la Ligue contre le Cancer, “il y a autour de 4000 morts tous les ans entre les cancers colorectaux et les cancers gastriques qui sont liés à la consommation de charcuterie. En fait, le porc est une viande assez blanche. Il ne devrait pas être très cancérigène puisque le caractère cancérigène de la viande est lié à sa couleur rouge. Mais, les charcuteries sont nettement plus cancérigènes que le rosbif. C’est sans doute lié au traitement par les nitrates et nitrites”.
De leur côté, les industriels, défenseurs des nitrites, estiment que leur interdiction pourrait entraîner une résurgence de cas de botulisme. Il s’agit d’une affection neurologique grave causée par une bactérie qui se développe dans les aliments mal conservés. Faux répondent les associations. Des alternatives permettraient d’obtenir les mêmes résultats.