Allègement des restrictions : des "non-mesures" selon un infectiologue
Le Premier ministre a annoncé le 20 janvier l’allègement des mesures sanitaires en France, dès "le début du mois de février". Le pass vaccinal entrera, lui, en vigueur lundi 24 janvier.
Situation paradoxale pour l’exécutif. Alors que le nombre de nouveaux cas positifs continue de dépasser le seuil des 300 000 contaminations quotidiennes, le Premier ministre Jean Castex a annoncé jeudi 20 janvier le calendrier d’allègement des mesures de restrictions.
"Nous pourrons courant février lever la plupart des restrictions prises pour freiner l'épidémie à la faveur du nouveau pass vaccinal qui entrera en vigueur lundi prochain", a-t-il annoncé lors d'une conférence de presse à Matignon. Le pass vaccinal, qui succède ainsi au pass sanitaire pour les personnes de plus de 16 ans, entrera en vigueur à partir du lundi 24 janvier après avoir reçu la validation du Conseil constitutionnel ce vendredi.
Allègement en deux étapes
Dans le détail, à partir du 2 février, le port du masque ne sera plus obligatoire en extérieur. Le télétravail "ne sera plus obligatoire", mais recommandé. Enfin, à cette date, les jauges dans les lieux recevant du public seront supprimées.
Deux semaines plus tard, le 16 février, la consommation dans les stades, les cinémas et les transports reprendra, ainsi que la consommation debout dans les bars. Fermées depuis le 10 décembre, les discothèques pourront rouvrir et les concerts debout seront à nouveau autorisés.
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Des "non-mesures"
Un allègement qui s'apparente à des "non-mesures", pour le Dr Benjamin Davido, infectiologue à l'hôpital Raymond-Poincaré, de Garches (Hauts-de-Seine). "Rien ne peut aplanir une courbe verticale aussi forte que celle que nous vivons actuellement. L’idée est de dessiner le bout du tunnel, mais nous ne sommes encore qu’au stade des projections", tempère-t-il.
"Nous nous attendions à observer un pic épidémique autour du 15 janvier", rappelle le Dr Davido. "Il a finalement été dépassé seulement quelques jours plus tard. Je m’interroge sur cette annonce peut-être trop précoce. Le variant Omicron est toujours extrêmement contagieux, et on ne sait pas encore quand il commencera à freiner sa propagation."
"Des moyens supplémentaires" pour l'école
Du côté des écoles, Jean Castex "envisage" un allègement du protocole sanitaire pour les établissements scolaires au retour des vacances de février. Soit pas avant le 7 mars, date à laquelle les enfants des trois zones seront rentrés de vacances. Les adolescents entre 12 et 17 ans pourront par ailleurs avoir un rappel de leur vaccination, "sans obligation", dès le 24 janvier.
Dans un avis sur la situation sanitaire rendu jeudi 20 janvier, le Conseil scientifique suggère quant à lui que des "moyens supplémentaires pourraient être alloués" pour "renforcer les protocoles sanitaires de prévention et dépistage" dans les établissements scolaires et les crèches.
La fin de ces mesures peut s'expliquer par les caractéristiques du variant Omicron, principal acteur de la cinquième vague de Covid-19 en France. Beaucoup plus contagieux que ses prédécesseurs mais qui donne moins de formes sévères de la maladie, il permet des passages moins longs à l'hôpital et des admissions moins fréquentes en réanimation.
Le "retentissement sur le système de soins" de la cinquième vague "va rester élevé mais en partie gérable jusqu’à mi-mars", affirme le Conseil scientifique. "Nous avons réalisé un modèle avec l’hôpital de Saint-Quentin-en-Yvelines qui montre qu’au courant du mois de février, la quasi-totalité des lits en réanimation seront libérés", précise le Dr Davido. "Cela s’explique par la fin d'hospitalisation progressive des patients atteints du variant Delta."
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