Automédication : les usagers, leurs cuisines et leurs dépendances

Selon une récente étude Toulousaine, la prise prolongée ou abusive de certains médicaments vendus sans ordonnance seraient responsables d'une dépendance. Cette découverte serait susceptible d'en inquieter plus d'un.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Automédication : les usagers, leurs cuisines et leurs dépendances

Addict à la codéine

Une équipe de chercheurs en pharmacoépidémiologie de l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) de Toulouse a étudié l'impact de la prise prolongée ou abusive de deux classes de médicaments souvent achetés sans ordonnance par les usagers : la codéine et les antihistaminiques sédatifs, indiqués en cas de troubles du sommeil (ex. : la doxylamine).

Cette étude a démontré que la codéine, prise de manière prolongée ou abusive, entraîne une réelle dépendance, définie selon les critères du DSM IV*, chez 17,8% des patients qui consommaient de la codéine. "Via leur mode d'action sur le cerveau, certaines substances psychoactives, comme la codéine, peuvent provoquer une dépendance", rappelle le Pr Anne Roussin du service de pharmacologie du CHU de Toulouse et responsable de l'étude, interrogée par l'Inserm.

Antihistaminiques sédatifs : le mésusage au premier plan

La dépendance aux antihistaminiques sédatifs n'a concerné qu'un patient sur les 70 ayant pris ce type de médicaments. Par contre, le mésusage - défini comme une consommation à doses trop élevées ou pendant une durée supérieure à celle préconisée - était bien plus fréquent : 72,2% des consommateurs de doxylamine en consomment tous les jours et 61,5% depuis 6 mois alors que la durée recommandée de traitement est de 5 jours.

Risques de troubles de la vigilance et de maux de tête

Outre la dépendance, l'usage prolongé de ces médicaments peut avoir des effets nocifs.

"La consommation abusive d'antalgiques codéinés contribue à l'installation de céphalées quotidiennes chroniques", explique le Pr Roussin. "Par ailleurs, ces deux types de médicaments entraînent des problèmes de vigilance avec un risque accru d'accidents de la route ou de la vie quotidienne, comme des chutes", poursuit-elle.

Vers une chute libre de l'automédication ?

Alors que le marché de l'automédication en France est en recul en 2013 pour la première fois depuis 2009 d'après l'Afipa (l'association des industriels du secteur), l'annonce des résultats de cette étude pourrait bien en effrayer plus d'un et entretenir cette chute des ventes des médicaments en vente libre.

*Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux

Source : Mésusage et dépendance des médicaments disponibles sans ordonnance. A. Roussin et coll. PloS One, oct 2013.

 

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