Dysphonie : perdre le contrôle de sa voix
Une voix saccadée, nouée, éteinte parfois, et toujours perturbée par des arrêts involontaires... tels sont les symptômes de la dysphonie spasmodique. Derrière ce nom savant, un trouble rare de la voix qui empêche le patient de s'exprimer normalement et perturbe considérablement sa relation aux autres.
Quand on parle, l'air remonte des poumons et fait vibrer les cordes vocales, deux petites bandes blanches tendues comme les cordes d'un arc. Elles restent ouvertes pour laisser passer l'air quand on respire, et se rapprochent lorsque l'on parle. Ce sont les muscles du larynx qui vont moduler la fréquence des vibrations et donc le son de la voix. Chez un patient atteint de dysphonie spasmodique, le fonctionnement de ces muscles est perturbé.
À l'origine, un dysfonctionnement neurologique, celui des noyaux gris centraux situés dans le cerveau et qui contrôlent l'exécution des mouvements volontaires. Les influx nerveux deviennent anarchiques et génèrent un mouvement incontrôlable des muscles du larynx, d'où les spasmes.
Le problème, c'est le diagnostic de la dysphonie spasmodique. Lorsque le patient atteint de dysphonie spasmodique consulte un ORL, l'examen de ses cordes vocales est normal. Il ne présente aucune lésion, pas de polype, ni de kyste, ou de tumeur éventuelle. S'il n'y a pas d'autres spasmes musculaires, plus visibles ailleurs affectant une autre partie du corps, un torticolis spasmodique par exemple, il est fréquent de passer à côté du diagnostic.
Des examens complémentaires sont effectivement nécessaires : un examen acoustique de la voix, une fibroscopie des cordes vocales, et l'électromyographie des muscles laryngés.
Dysphonie spasmodique : un handicap au quotidien
Les premiers signes de la dysphonie spasmodique se déclarent généralement chez les femmes, entre 30 et 40 ans. Ils apparaissent généralement après un choc psychologique.
Pour Maria, il s'agissait d'une violente dispute conjugale. Handicap invisible, la dysphonie spasmodique l'a peu à peu coupée du monde.
Traiter la dysphonie spasmodique
Les injections de toxine botulique sont le traitement de référence depuis la fin des années 1980. Car à ce jour, il n'existe aucune solution curative pour soulager les patients atteints de dysphonie spasmodique. Des traitements chirurgicaux ont été tentés, mais ils se sont révélés peu satisfaisants de même que la rééducation orthophonique.
L'injection de toxine botulique est réalisée sans anesthésie, ni hospitalisation. Cette technique simple et efficace permet une amélioration spectaculaire de l'état des patients.
Les injections ne sont pas du tout douloureuses. Mais ce traitement est purement symptomatique et ses effets s'estompent, en quelques mois. Les injections sont renouvelées deux à trois fois par an. Enfin, ce traitement est pris en charge par la Sécurité sociale.