Grossesse : 50 000 ados meurent chaque année dans le monde
50 000 adolescentes meurent chaque année dans le monde de complications liées à la grossesse ou à l'accouchement. L'organisation non gouvernementale britannique Save the Children alerte sur ce qu'elle dénonce comme un "scandale mondial".
"Le problème des enfants qui font des enfants et qui meurent parce que leur corps n'est pas suffisamment mûr pour accoucher est un scandale mondial", accuse le directeur de l'ONG, Justin Forsyth, dans un rapport intitulé "Comment le planning familial sauve la vie des enfants".
Dans le monde, une fille sur cinq devient mère avant l'âge de 18 ans. Or le rapport de l'ONG signale qu'une fille âgée de moins de 15 ans a cinq fois plus de risque de mourir pendant sa grossesse ou en couches qu'une femme d'une vingtaine d'années.
Une maturité psychologique insuffisante
Une vision alarmante nuancée par le Dr Michel Benchimol, gynécologue obstétricien à l'hôpital Jean-Verdier, à Bondy. Selon lui, "il n'existe pas de pathologies spécifiques de l'adolescente enceinte, à partir du moment où la fille est réglée, l'utérus est prêt à accueillir un foetus". Toutefois, le gynécologue obstétricien rappelle "qu'une grossesse juste après la puberté, vers 14 ou 15 ans, peut être un peu plus compliquée car le bassin n'est pas complètement formé et comporte plus de risques pour la mère et l'enfant que si la jeune fille a 17 ou 18 ans. Mais c'est surtout le terrain psychologique qui va poser problème. À cet âge là, la jeune fille n'a pas encore la maturité suffisante pour gérer les contractions ou la douleur, elle risque de paniquer au moment de l'accouchement. Elle a souvent une méconnaissance de son corps qui augmente le risque d'extraction instrumentale du bébé."
Les principaux risques d'une telle grossesse sont une hypertension artérielle, un accouchement prématuré, un retard de croissance du foetus.
Actuellement, sept pays concentrent à eux seuls la moitié des enfants nés de mères adolescentes dans le monde : le Bangladesh, le Brésil, les États-Unis, l'Éthiopie, l'Inde, le Nigéria et la République démocratique du Congo. "Les risques d'une grossesse chez de très jeunes filles des pays en voie de développement sont beaucoup plus importants, du fait de la dénutrition, des carences vitaminiques, du manque de suivi médical et de la précarité, que dans les pays développés où la grossesse sera bien suivie et les adolescentes en meilleure santé", précise le Dr Benchimol.
Une tragédie aussi pour les bébés
Quant à la santé des nourrissons mis au monde par de très jeunes filles, elle est également plus fragile. Près d'un million de bébés nés de mères adolescentes meurent chaque année avant leur premier anniversaire. "C'est une tragédie non seulement pour ces filles mais aussi pour leurs enfants : les bébés ont 60 % plus de risques de mourir si leur mère a moins de 18 ans", relève Justin Forsyth. "Dans les pays en développement, le planning familial n'est pas simplement un choix de mode de vie, la vie des enfants en dépend", conclut le responsable.
En conclusion du rapport, Save the Children "presse (les dirigeants mondiaux) d'accroître la disponibilité des méthodes de contraception et de donner les moyens aux filles et aux femmes de décider si et quand elles veulent des enfants, et combien". Un sommet sur le planning familial est prévu le 11 juillet 2012, à Londres, à l'initiative du gouvernement britannique et de la Fondation Bill et Melinda Gates.
Source : AFP
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