Irradiés d'Epinal : ouverture du procès, après six ans d'enquête
Aujourd'hui, s'ouvre au tribunal correctionnel de Paris le procès du plus grave accident de radiothérapie survenu en France. Sept prévenus, dont deux médecins, sont poursuivis pour homicides et blessures involontaires, ainsi que non assistance à personne en danger.
Rappel des faits
Entre 2001 et 2006, 450 patients ont reçu des surdoses de radiation lors de leur traitement à l'hôpital Jean-Monent d'Epinal, causant la mort de sept personnes. Ces erreurs se sont notamment produites après l'installation d'une nouvelle série d'appareils en 2004. Après enquêtes, deux séries de dysfonctionnements ont pu être identifiées :
- des erreurs de paramétrage des machines sur 24 patients traités pour des cancers, entre mai 2004 et août 2005, entraînant les surexpositions les plus graves, de l'ordre de 24 % ;
- la non-prise en compte dans le calcul des radiations des doses déjà délivrées avant le traitement, 424 patients ont alors reçu des surdoses allant de 8 à 10 % entre 2001 et 2006.
En outre, une troisième erreur a pu être mise en évidence sur des patients traités entre 1989 et 2000. Ce qui porterait le bilan des victimes à plus de 5 500 personnes, selon l'ancien ministre de la Santé, Roselyne Bachelot. Ce troisième volet ne figure pas dans l'instruction.
Les chefs d'accusation
Deux radiothérapeutes et un radiophysicien sont poursuivis pour homicides et blessures involontaires, ainsi que non assistance à personne en danger. Seul le dernier chef d'accusation a été retenu pour la directrice de l'hôpital ainsi que la directrice de la Direction départementale des Affaires sanitaires et sociales (DDASS) et le directeur de l'Agence régionale de l'hospitalisation de Lorraine de l’époque.
Les audiences sont prévues jusqu'au 31 octobre 2012. L'enjeu du procès n'est pas financier puisque les victimes ont déjà été indemnisées. Il s'agit donc au tribunal de déterminer les éventuelles responsabilités des prévenus et de comprendre comment de telles erreurs ont pu se produire.
Cette affaire n'a pas remis en cause les traitements par radiothérapie en cancérologie. Deux tiers des malades sont toujours traités par radiothérapie à un moment ou un autre de leur maladie. Ce qui représente 200 000 traitements en France, selon la Société française de radiothérapie oncologique (SFRO). La radiothérapie permet de détruire de manière de plus en plus ciblée les cellules tumorales et guérit 40 % des patients atteints de cancers.
De nouvelles techniques existent comme la radiothérapie conformationnelle avec modulation d'intensité, qui permet d’augmenter les doses pour une plus grande efficacité tout en réduisant les rayons absorbés par les tissus sains.
En savoir plus