Le boom de la contraception naturelle
Les méthodes de contraception dites "naturelles" reviennent en force. Aujourd'hui, près d'une femme sur dix opte pour les techniques d'observation du cycle d'ovulation ou pour le retrait. Un changement de comportement en partie dû au scandale des pilules de troisième et quatrième génération.
Prise de température régulière, observation des sécrétions vaginales ou du col de l'utérus… Le principe des méthodes de contraception dites naturelles, c'est d'examiner son corps pour comprendre son cycle. Le but : éviter les rapports sexuels non protégés pendant la période de fécondité. Cela n'est pas si simple et certains couples ont besoin de se remettre à niveau.
Véronique Péridy, monitrice de méthode d'auto-observation, est bénévole pour une association qui prône le retour aux méthodes naturelles. Ces derniers temps, ses carnets de rendez-vous se remplissent et les femmes qu'elle rencontre avancent de nouveaux arguments : "Les personnes viennent nous voir car elles ont peur de la pilule. Elles ont pris la pilule, elles souhaitent l'arrêter car elles ont eu peur avec le scandale des pilules de troisième génération… Elles viennent donc par peur mais aussi par choix de méthodes plus naturelles".
Des méthodes souvent critiquées car leur taux d'échec est important. En pratique, l'efficacité du dispositif intra-utérin est supérieure à 99%, celle de la pilule est de 91%. Avec l'abstinence périodique utilisée par certains adeptes des méthodes naturelles, on tombe à 75% d'efficacité.
Selon le Dr Marie-Laure Brival, gynécologue-obstétricienne, ces méthodes ne sont pas adaptées à toutes les femmes : "Pour les femmes qui ont des cycles irréguliers, des femmes qui ne se connaissent pas dans leur fonctionnement féminin, cela pose problème. Mais pour une femme qui a des cycles complètement réguliers, qui a une maîtrise de son corps, qui vit en couple, qui est dans un dialogue permanent avec son compagnon sur l'utilisation de ce type de méthode… J'ai rencontré plusieurs fois dans ma patientèle des femmes qui utilisent ces méthodes depuis de nombreuses années et qui n'ont pas eu d'échec".
En mai 2014, une étude de l'INED a montré qu'aujourd'hui près d'une femme sur dix en France a recours à ces méthodes. Mais elles ne le font pas toutes par choix comme l'explique Nathalie Bajos, directrice de recherche Inserm-INED : "Des femmes qui sont issues de milieux sociaux beaucoup plus précaires, qui sont dans des situations précaires et qui, pour des raisons d'ordre économique se tournent vers ces méthodes car pour elles, le simple fait d'avoir à avancer le prix d'une consultation médicale peut représenter un frein d'accès à la pilule ou au stérilet ou à d'autres méthodes de contraception".
Si la pilule reste encore la méthode contraceptive le plus répandue en France, ces trois dernières années 20% des femmes déclarent avoir changé de moyen de contraception.
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