Mieux dépister la dysphasie
La dysphasie est une anomalie du développement du langage plus ou moins sévère. Il s'agit d'une pathologie moins connue que la dyslexie, parfois mal diagnostiquée, qui concerne pourtant plus d’un million de personnes en France. Comment en reconnaître les signes ? En quoi consiste la rééducation ? Nouvelle brochure de l'INPES à télécharger : Troubles dys de l'enfant : un guide ressource pour les parents
Qu’est-ce que la dysphasie ?
La dysphasie touche au moins un enfant sur 100 en âge d'être scolarisé, chaque année, en France. Les garçons sont trois fois plus concernés que les filles, sans que l'on sache pourquoi.
Il ne s'agit ni d'un retard intellectuel ni d'un trouble psychologique, et ce n'est pas non plus un trouble de la communication, comme l'est l'autisme.
L'enfant a des difficultés à mémoriser des informations et il a du mal à s'exprimer, alors qu'il comprend parfaitement.
Il existe plusieurs formes de dysphasie, plus ou moins graves, qui touchent des fonctions différentes du langage. La maladie se manifeste parfois par des anomalies de la prononciation : l'enfant ne trouve pas ses mots et structure mal ses phrases.
La dysphasie est le résultat d'un dysfonctionnement des structures cérébrales qui traitent spécifiquement les informations liées au langage. L’acquisition de la parole articulée ne se résume pas à la fabrication de mot et à leur assemblage, elle fait aussi interagir des zones qui interviennent dans le vocabulaire (le lexique), la syntaxe (la façon d’utiliser les mots), ainsi que la sémantique c’est-à-dire comment des combinaisons complexes de sons ou de mots parviennent à porter du sens. Lorsque l’une ou plusieurs de ces structures qui forment le langage articulé, se sont mal développées, des troubles du langage apparaissent, c’est la dysphasie.
Lorsqu'on lui parle, un enfant sans trouble active le planum temporal, une région précise du cerveau située dans l'un des lobes, le lobe temporal.
L'enfant dysphasique, lui, active toute la surface du cerveau, mais pas spécialement cette zone.
Le cerveau humain est biologiquement programmé pour développer le langage. À 6 mois, l'enfant babille, et à 1 an, il dit ses premiers mots. À 4 ans, le langage est formé. Or, chez certains dysphasiques, cette programmation innée est perturbée.
Un dépistage compliqué
À l'origine, une prédisposition génétique à la dysphasie semble être prouvée. Mais les causes pourraient être intriquées les unes dans les autres : à la fois génétiques, neurobiologiques et liées au développement.
D'autres troubles accompagnent parfois la dysphasie : un comportement hyperactif, des relations sociales perturbées ou des difficultés pour l'abstraction.
Le plus souvent, lorsque l'anomalie est prise en charge suffisamment tôt, les dysphasiques poursuivent leurs études jusqu'au CAP ou BEP, très rarement jusqu'au bac.
Mais certains enfants ne parviennent jamais à acquérir un langage compréhensible et correct. On estime à 1 % le nombre d'adultes ayant souffert de dysphasie et gardant un langage difficilement compréhensible et à un autre 1 %, un langage parfaitement intelligible. Les autres se situent entre les deux.
Une rééducation précoce
La dysphasie peut gêner l'insertion sociale et familiale de l'enfant, perturber ses relations avec les autres et entraîner des troubles du comportement. D'où l'importance d'une rééducation précoce.
Les neurologues et les orthophonistes recommandent en effet de commencer cette rééducation très tôt, lorsque la plasticité du cerveau est maximale. Les connexions entre les neurones se font alors plus facilement et rapidement, et les apprentissages se font ainsi de manière plus naturelle et efficace.
Mais il est impossible d'entamer une rééducation sans avoir avant tout poser un diagnostic. Plus il est posé tôt, plus il a de chance de conduire à une guérison plus ou moins complète et il faut d'abord dissocier la dysphasie des autres troubles du langage puis préciser les fonctions qui sont affectées pour optimiser la rééducation.
Le Makaton, un programme adapté
Le handicap d'un enfant n'est jamais facile à vivre. Et quand les enfants n'ont pour des raisons diverses pas accès au langage, cela est encore plus difficile. Il existe heureusement différentes méthodes visant à faciliter la communication, et notamment le Makaton. Le programme Makaton s'appuie à la fois sur la parole, des signes et des pictogrammes.
Né en Grande-Bretagne au début des années 70, le Makaton a débarqué en France en 1995. Aujourd'hui outre-Manche, on compte plus de 300.000 usagers, des familles, des professionnels mais aussi des institutrices qui peuvent ainsi communiquer avec tous leurs élèves. En France, ce programme reste méconnu et peine à franchir la barre des 10.000 personnes formées. Pourtant le Makaton peut parfois faire des miracles.
Pour vous former, rendez-vous sur le site de l'association Avenir Dysphasie : programme des formations.
En savoir plus
- Association Avenir Dysphasie (AAD)
1 bis, chemin du Buisson-Guérin - 78750 Mareil-Marly
Tél. : 01 34 51 28 26
- Institut National de Prévention et d'Education pour la Santé (INPES) :
Troubles dys de l’enfant : un guide ressource pour les parents, brochure téléchargeable