Pradaxa® : le fabricant mis en cause
C'est un nouveau rebondissement dans l'affaire du Pradaxa®, anticoagulant largement utilisé pour prévenir le risque d'AVC. Selon The British Medical Journal, le fabricant du médicament - le laboratoire Boehringer Ingelheim - aurait dissimulé aux autorités de régulation des données de sécurité essentielles.
800.000 Britanniques et plus de trois millions d'Américains souffrent d'un trouble du rythme cardiaque appelé fibrillation auriculaire, qui les rend particulièrement vulnérables aux accidents vasculaires cérébraux et à des hémorragies majeures : afin de réduire la survenue d'AVC chez cette population à risque, des anticoagulants de référence tels que les anti-vitamines K ou la warfarine sont le plus souvent prescrits.
Mais un nouveau venu dans la famille des anticoagulants est récemment entré en scène : le Pradaxa® (dabigatran) fait partie du groupe des nouveaux anticoagulants oraux (Naco), et est fièrement défendu par le laboratoire qui le fabrique, Boehringer Ingelheim.
L'argument choc du fabricant pour prouver la supériorité de son médicament est de dire que contrairement aux autres, il ne nécessite pas de surveillance régulière de l'activité coagulante à l'aide de prélèvements sanguins, souvent pénibles pour les patients.
Un argument remis en cause par The British Medical Journal : Boehringer Ingelheim est accusé d'avoir volontairement dissimulé le caractère sécurisant des contrôles sanguins. Par exemple, il n'a jamais été mentionné qu'un contrôle et un ajustement de la dose prescrite selon les analyses sanguines permettaient de réduire 30 à 40% des hémorragies majeures. Les médecins et autres autorités de santé "n'ont jamais entendu parler de ces calculs" selon le journal.
Les accusations du British Medical Journal mettent donc à mal le seul argument pouvant justifier une nécessité de privilégier les nouveaux anticoagulants oraux aux traditionnels. Le laboratoire a décidé de rejeter les "affirmations trompeuses" du journal.
Près d'un million de Français sont concernés par la prise de ce médicament. Et ce n'est pas la première fois que le Pradaxa® fait l'objet d'accusations, concernant notamment des prescriptions injustifiées et un risque élevé d'hémorragies graves.
VOIR AUSSI :
- Anticoagulants : deux médicaments suspectés, article du 15 novembre 2011
- Le Pradaxa, un anticoagulant oral dangereux ? article du 20 septembre 2013
- Pradaxa® : l'ANSM appelle les patients à ne pas arrêter leur traitement, article du 09 octobre 2013
- Médecins : mauvais prescripteurs des nouveaux anticoagulants ? article du 28 novembre 2013
- Pradaxa® : des résultats écartés d'une étude sous la pression du laboratoire ? article du 10 février 2014
- Pradaxa® : l'affaire est classée sans suite par le parquet de Paris, article du 26 mars 2014
- Prévention des AVC : l'Académie de médecine déconseille les nouveaux anticoagulants oraux, article du 12 juin 2014
- Nouveaux anticoagulants oraux : un rapport rasurant de l'ANSM, article du 02 juillet 2014