Première mondiale : quand les gènes se suicident pour nos protéger
Une équipe du CNRS du CHU de Limoges vient de faire une découverte fondamentale en génétique : certaines cellules immunitaires se suicideraient.
Quand ce n'est plus possible, quand elles ne peuvent plus continuer, certaines cellules du système immunitaire choisissent l'issue fatale et se suicident. Elles le font pour le bien commun, pour réguler le système immunitaire.
Cette étonnante information est divulguée par l'équipe du CNRS de Michel Cogné et Sophie Péron, du laboratoire d'Immunologie du CHU de Limoges. Ils ont mis au jour un étrange phénomène jamais constaté auparavant dans le monde : les cellules sont capables de "suicider" leurs gènes pour les éliminer.
On savait déjà que les cellules immunitaires sont les seules cellules saines capables de changer leurs structures pour fabriquer des anticorps (les autres cellules capables de muter étant des cellules tumorales ou des cellules atteintes de maladies génétiques). Elles changent l'ordre de leurs chromosomes, recombinent les gènes entres eux. "Elles ont appris a découper des morceaux de leur gênes anticorps pour les réarranger entre eux. Ca leur permet de composer une infinité de combinaisons d’anticorps et de combattre le plus d’agressions possibles, protéines, bactéries ou virus", explique le Pr. Michel Cogné.
Quand les cellules se font Hara-Kiri
"Mais nous avons découvert quelque chose de bien plus frappant, continue Michel Cogné. Il y a un pourcentage donné des cellules immunitaires, au moment où elles répondent à l'agression (microbienne ou virale), qui font le choix de découper les gènes des anticorps et de les éliminer. Mais quand les cellules éliminent leur propres gènes anticorps, c'est en quelque sorte comme si elles se désarmaient". Ces gènes sont indispensables à leur survie : la cellule se suicide donc.
Mais comment ces recombinaisons agissent et protègent les autres ? Pourquoi certaines cellules immunitaires se suicident-elles au moment de leur redécoupage ? Est-ce à cause d'un échec de leur recombinaison, ou parce qu'elles deviennent superflues ? En découvrant ce mécanisme, les chercheurs soulèvent un nouvel enjeu : si on trouve la réponse à ces questions, si on comprend mieux ce phénomène, il sera alors possible de le maîtriser et de le reproduire à dessin thérapeutique dans le traitement d'allergies, de maladies auto-immunes ou encore de cancers et provoquer le "suicide" de certaines cellules tumorales.
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