Respirer l'air de Paris ou mettre son nez au dessus d'un cendrier...

Durant l'épisode d'intense pollution de décembre 2013 en Île de France, l'air était pollué en particules ultrafines (les plus cancérigènes) qu'une pièce de 20 mètres carrés où brûlent huit cigarettes, selon des mesures de haute précision présentées ce 24 novembre par le CNRS.

Florian Gouthière
Rédigé le
Respirer l'air de Paris ou mettre son nez au dessus d'un cendrier...

Fin avril 2013, le Ballon de Paris, attraction touristique implantée au sud de la capitale, accueillait à son bord un dispositif de mesure des particules fines conçu par un laboratoire du CNRS (le Light optical aerosol counter). En l'occurrence, des particules ultrafines, d'une taille inférieure à un micron (PM1) - les relevés usuels portant sur les PM2,5 et les PM10.

Les premières données issues de cet appareillage ont été présentées au public ce 24 novembre 2014. Et les résultats concernant le mois de décembre dernier sont effarants : selon les chercheurs, entre le 9 et le 14 décembre 2013, une moyenne quotidienne de trois millions de PM1 par litre d'air a été enregistrée, contre 200.000 le restant de l'année (voir encadré).

Le 13 décembre à 18h00, un pic de six millions de PM1 par litre d'air a même été mesuré "au niveau du sol", nous confirme Jean-Baptiste Renard, chercheur au CNRS, responsable du dispositif de mesure.

"Les très petites particules, principalement carbonées" qui ont dominé cet épisode "sont liées au trafic automobile ou à l'industrie", a par ailleurs détaillé le chercheur au cours d'une conférence de presse.

Les Parisiens inspireraient donc 100.000 PM1 à chaque respiration (une respiration étant équivalente à demi litre d'air) durant les journées "de faible pollution".

"C'est une situation semblable à celle du tabagisme passif", a poursuivi le chercheur. En effet, "un test en laboratoire [a montré] que la fumée de huit cigarettes dans une pièce d'environ 20 mètres carrés produit autant de [PM1]."

A noter, comme nous le précise Jean-Baptiste Renard, que les particules carbonées issues de la combustion d'une cigarette ne sont pas les mêmes que celles présentes dans l'air. "Notre comparaison ne porte que sur la quantité de PM1".  Toutefois, au-delà des effets cancérogènes propres à chaque famille de molécule, "les particules fines sont des cancérogènes avérés".

Commentant ces données, Christophe Nadjovski, adjoint au maire de Paris en charge des transports, a déclaré que la ville de Paris préparait "pour début 2015" un plan pour limiter les émissions de polluants. L'objectif annoncé est de réduire le volume de la circulation automobile en développant l'offre de modes de transports alternatifs, ainsi qu'en incitant à réduire le parc de véhicule (aujourd'hui diesel à 60%). Des "zones à basse émission", dont l'accès serait restreint aux véhicules les moins polluants, serait à l'étude.

Selon les données présentées ce 24 novembre, dans l'air parisien, il y a 200 fois plus de particules d'un diamètre compris entre 0,2 et 1 microns (PM1) que de particules de 1 à 10 microns.

En savoir plus sur les particules fines

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L'effet des particules dépend de leur taille. Ainsi, il est admis que les grosses particules (diamètre supérieur à 5 µm) s'arrêtent dans la région nasopharyngée, les particules de 1 à 5 µm dans la région trachéobronchiale, alors que les particules fines, inférieures à 1 µm, peuvent atteindre les régions bronchiolaires et alvéolaires et y persister. Elles peuvent même franchir les barrières biologiques et atteindre d'autres organes.

(Source : Airparif/CNRS)