Surdité : le dépistage pédiatrique insuffisant
L'oreille souffre en silence. 50% de la population française se plaint de nuisances sonores, mais les problèmes d'audition restent encore trop mal dépistés. Le Comité d'éthique de la Société française d'Oto-Rhino-Laryngologie (SFORL), vient de publier un appel à une meilleure évaluation de l'audition. Pour entendre mieux et pour dépister des pathologies associées.
Cet appel des ORL traduit une inquiétude sur la situation de l'audition en France. Alors même que les moyens pour la dépister et la traiter s'améliorent, la surdité reste une pathologie fréquente. Selon les chiffres de la SFORL, un enfant sur 1000 serait atteint de surdité à la naissance.
Manifestement, le dépistage est insuffisant en France. Le taux de détection est de 25% contre 98%. La loi de 2010 posait le cadre réglementaire pour remédier à cette situation. Le texte, voté en décembre 2010, a rendu obligatoire le dépistage de la surdité néonatale permanente, en précisant que ce programme devait être "mis en oeuvre par les agences régionales de santé conformément à un cahier des charges national établi par arrêté des ministres chargés de la Santé et de la Protection sociale" (article 4).
Mais depuis, la situation ne s'est pas beaucoup arrangée. D'après le Pr Denoyelle, ORL pédiatrique à l'hôpital Trousseau à Paris, les médecins ne sont pas en mesure d'assurer le dépistage pour les 800 000 naissances annuelles : "Avec la publication de l'arrêté, le dépistage néonatal de la surdité est devenu obligatoire. Mais comme rien n'est organisé à l'échelle nationale dans les maternités, les pédiatres adressent les enfants aux centres experts qui sont débordés". Pour l'instant, ce dépistage repose donc sur l'initiative des maternités.
Pourtant les enjeux sont essentiels, notamment sur l'acquisition du langage, dans les deux premières années de l'enfant. Si l'enfant n'entend pas ses parents parler, il ne parlera pas. S'il les entend mal, il développera des troubles du langage. Et ce dépistage doit être réalisé par des professionnels et de façon systématique car les enfants malentendants babillent comme les autres et réagissent aux bruits forts, comme les claquements des portes, par exemple.
Dans d'autres cas, le dépistage de la surdité permet de détecter d'autres troubles, auxquels elle est d'ailleurs associée : contamination intra-utérine au cytomégalovirus (à l'origine de 10 à 15 % des surdités profondes), troubles de l'équilibre, maladie rare à l'origine d'anomalies du coeur, des yeux ou de la thyroïde, dont les conséquences peuvent être très graves si elles ne sont pas détectées.
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