Les animaux, adeptes de la distanciation sociale !
La distanciation physique reste la meilleure prévention du Covid-19. Les animaux ont bien compris, eux aussi, qu'il vaut mieux parfois prendre ses distances...
La plupart du temps, chez les animaux, la distanciation physique est une question de territorialité et de zone de vie. Un groupe de loups par exemple, va marquer son territoire pour qu’un autre groupe ne s'y aventure pas.
La distanciation peut aussi exister dans un même groupe. On l’observe chez différentes espèces quand l’un des membres est malade. Selon l’espèce, c’est soit l’évitement, soit la mise à distance.
Chez certaines espèces, c’est plus radical comme c’est le cas chez les abeilles à miel. Elles vivent en colonie, la distanciation est impossible et au moindre germe, c’est le risque d’hécatombe...Si leurs larves sont victimes par exemple, de la loque américaine, une maladie bactérienne très contagieuse, la réaction est immédiate : dès que les larves malades sont identifiées, les abeilles adultes les jettent de la ruche.
Les espèces ont-elles un sixième sens pour repérer les malades ?
Chaque espèce a sa technique. Le Tétra des armoises est un grand oiseau d’Amérique du nord, un genre de paradisier avec un plumage assez riche. On reconnait le mâle facilement parce qu'il est plus grand que la femelle, sa poitrine est garnie d’une collerette de plumes blanches qui cache deux sacs œsophagiens. Pendant la parade nuptiale, le mâle danse et gonfle les sacs qui apparaissent comme deux gros ballons jaunes verdâtres.
Si la couleur des sacs œsophagiens est rouge au lieu d’être verte, cela signifie qu’il y a une inflammation, que ce beau mâle est en fait malade, qu’il est infesté de poux broyeurs, ou qu’il est atteint de paludisme aviaire. Dans les deux cas, les femelles et les autres mâles vont éviter le suspect et rester à bonne distance de lui.
Quels sont les autres signes pour repérer les malades ?
Il y a des signes olfactifs. La perception de signaux chimiques permet d’identifier les individus malades du groupe. Les exemples sont nombreux, par exemple, chez les batraciens comme la grenouille-taureau, il y a une maladie infectieuse provoquée par un champignon (Chytridiomycose) qui est mortelle. Il a été montré que les têtards sains évitent les têtards infectés.
Les langoustes font encore mieux. Ces crustacés sont victimes d'un virus mortel qui devient contagieux au bout de huit semaines. Les études ont montré que les langoustes en bonne santé parviennent à éviter les langoustes malades quatre semaines avant que celles-ci ne deviennent contagieuses. Autrement dit pendant la phase de multiplication virale, mais, avant que le virus ne soit excrété.
Les animaux apprennent-ils à reconnaître les signes de maladie ?
Les animaux savent que c’est un signe de la maladie à la fois par instinct et en apprenant à reconnaître les signes de la maladie. Un article sur les gorilles a été publié en septembre dernier par des chercheurs du CNRS de l’université de Rennes 1 dans la revue Ecology. Ces animaux vivent en groupes sociaux avec un mâle alpha et des femelles qui forment un harem et c'est la femelle qui migre pour intégrer ce qui va devenir sa famille. Les chercheurs ont étudié, durant 10 ans, 593 gorilles et ils ont remarqué que les femelles gorilles quittaient les mâles et les congénères atteints de la maladie de pian.
C’est une maladie bactérienne contagieuse qui provoque des ulcères qui déforment la face des animaux.
Au bout de quelques années, les femelles évitent carrément d’entrer dans des groupes trop atteints pour rejoindre uniquement des groupes en bonne santé. Dans ce cas précis, il y a donc eu un apprentissage par l’expérience mais pour d’autres espèces, ce choix est inné.