Apprendre à surmonter ses échecs
Ils sont douloureux et on a du mal à s'en remettre. Un examen, une rupture amoureuse... nous vivons tous des échecs. Ils peuvent accentuer notre stress, altérer notre confiance en nous ou encore peser sur notre moral. Mais comment les surmonter ?
L'échec, fondement de la réussite
Dans son livre intitulé Les vertus de l'échec (ed. Allary), Charles Pépin parle de grands hommes et de leurs échecs, ou comment des personnes ordinaires sont devenues de grandes figures par leurs revers. Derrière chaque grand personnage se cache finalement un petit perdant.
Le coup droit de Rafael Nadal n'a plus à faire ses preuves. En remportant 22 tournois du grand chelem, l'Espagnol est aujourd'hui considéré comme le meilleur joueur mondial sur terre battue. Pourtant, à ses débuts, le petit gaucher ne fait pas l'unanimité. À cette époque, c'est Richard Gasquet le jeune prodige du tennis. C'est lui qui remporte le championnat du monde juniors en 1999 avec une étonnante facilité. Un an plus tard, Rafael Nadal prend sa revanche et remporte à son tour le tournoi. Depuis, l'Espagnol n'a plus jamais perdu un match contre Richard Gasquet. À l'évidence, il y a des défaites qui préparent les victoires de demain.
Pour Thomas Edison, l'échec est source de créativité. Du phonographe au fluoroscope, l'inventeur a déposé plus de 1 000 brevets, avec à chaque fois une longue série de ratés. Pour créer la première ampoule électrique, Thomas Edison devra s'y reprendre des milliers de fois. Un long chemin de croix de l'Eureka qui donnera cette citation célèbre.
Avant de révolutionner les lois de la biologie, Charles Darwin est un élève médiocre. Il abandonne successivement ses études de médecine et de théologie. Pour le jeune Anglais, l'échec prend alors les contours d'un voyage. Il participe à une expédition sur le Beagle pour cartographier les côtes d'Amérique du Sud. La théorie de l'évolution est née de ce voyage. Charles Darwin n'aurait sans doute jamais été un théologien de génie, mais son échec lui a permis de devenir le plus grand naturaliste de l'Histoire.
Apprendre par l'échec
L'échec a ses vertus. Une école l'a bien compris au point de l'intégrer dans ses valeurs éducatives. En 2013, l'entrepreneur Xavier Niel a fondé une structure pour former de futurs développeurs du numérique. Une formation entièrement dédiée à l'apprentissage du codage informatique avec une philosophie pour le moins étonnante : échouer, c'est apprendre son métier.
Le code informatique est un langage numérique qui permet de créer des logiciels. Une sorte de langue étrangère que les élèves doivent apprendre seuls car à l'école 42, il n'y a pas de professeur. "De notre point de vue, aujourd'hui, le savoir, la connaissance est complètement accessible en ligne, partout, par tout le monde à toute heure du jour et de la nuit. Et les nouvelles compétences, les nouvelles qualités actuellement c'est d'être capable de chercher les bonnes informations, d'être capable de les filtrer et d'être capable ensuite de les mettre en œuvre pour pouvoir réaliser un projet, un produit…", explique Olivier Crouzet, directeur pédagogique à l'école informatique 42.
Rater, refaire, reprendre pour enfin progresser, c'est ainsi que l'on apprend. Une série d'échecs qui n'a pas la même connotation négative que dans le reste du système éducatif français : "En France, l'échec est stigmatisé. Quand un étudiant a une mauvaise note, c'est mal. À l'école 42, un étudiant qui se trompe, c'est normal. Cela fait partie du processus d'apprentissage", confie Olivier Crouzet.
L'école 42 compte aujourd'hui 3 000 étudiants. Les premières promotions s'apprêtent à entrer sur le marché du travail. Et au regard de l'intérêt des recruteurs, leur profil n'a rien de celui d'un perdant.