Présidentielle : le programme des psys !
Comment améliorer le bien-être des Français ? Le magazine "Psychologies" a posé la question à 34 psychiatres et psychologues. Méditation à l’école, médecine du travail pour les chômeurs, congé parental obligatoire… Les thérapeutes proposent plusieurs mesures au prochain président qui sera élu en mai. Entretien avec la psychanalyste, le Dr Fabienne Kraemer.
- Les candidats à la Présidentielle se préoccupent-ils assez du bien-être des Français ?
Dr F. Kraemer : "On en parle peu et, justement, l’intérêt des psys, c’est que nous, on est en prise directe avec la souffrance morale. Et peut-être qu’on a des idées un peu originales, d'un autre angle pour essayer de comprendre pourquoi des maladies comme le burn out augmentent aujourd’hui, pourquoi la radicalisation augmente de façon si problématique, pourquoi les grossesses reculent…"
- Vous voulez mieux repérer les enfants en difficulté à l'école. De quelle façon ? Quelles sont les limites du système aujourd'hui ?
Dr F. Kraemer : "La psychologie n’est pas entrée dans le cadre de l’école aujourd’hui. On pense déjà qu’il faudrait former les enfants à des techniques qui ont fait leur preuve ailleurs comme la méditation ou le yoga. Il faut aussi qu’il y ait un meilleur dépistage pour repérer les enfants qui sont en souffrance, essayer de les aider dès le départ et dans l’avenir, essayer d’en faire des adultes plus équilibrés. Il y a des tas de programme qui pourraient exister sur le développement personnel, sur la connaissance de la psychologie…"
- Vous souhaitez rendre le congé paternité obligatoire. La naissance d’un enfant n'est-elle toujours qu'une affaire de femme ?
Dr F. Kraemer : "Ce serait bien que cela ne soit plus le cas. Au départ, l’idée était de dire que le congé maternité aujourd’hui était un facteur de discrimination. Quand une femme est prise dans un entretien d’embauche, on lui demande : Est-ce que vous avez des enfants ? avec un petit air un peu hypocrite parce qu’on sait qu’elle va s’absenter.
"Si on veut faire de la naissance un projet de couple, pas obligatoirement hétérosexuel d’ailleurs, l’idée est de partager ce congé de façon un peu obligatoire pour qu’il n’y ait plus de discrimination à l’embauche. Mais c’est aussi permettre au père d’avoir un contact plus proche avec ses enfants et aussi de donner un espace aux femmes pour réussir leur carrière au même titre que les hommes."
- Pourquoi voulez-vous revoir la notion de crime passionnel ?
Dr F. Kraemer : "J'ai proposé d’inverser l’esprit que l’on a par rapport aux violences ou aux crimes passionnels. Jusqu’ici, c’était quelque chose d’atténuant. On disait c’était passionnel donc moins grave. Moi, je pense que c’est plutôt aggravant. Quand on y réfléchit, frapper quelqu’un qu’on est censé aimer, c’est pire - sans y mettre un degré - que de frapper un inconnu. Avant c’était une circonstance atténuante. Moi, je pense qu’il est temps d’aggraver cela. C’est valable aussi pour les violences des parents envers les enfants."