Cancer du pancréas : pourquoi le taux de survie est si difficile à estimer
Le cancer du pancréas est un cancer souvent redouté et l'estimation du taux de survie et des chances de guérison est complexe. On vous explique pourquoi.
Il a très mauvaise réputation. Le cancer du pancréas est connu pour son mauvais pronostic et suscite de fortes angoisses à l'annonce du diagnostic. Mais que sait-on vraiment du taux de survie de ce cancer et des chances de guérison ?
Une différence entre moyenne et risque individuel
"On peut difficilement donner la probabilité de guérir" de ce cancer, répond la Professeure Cindy Neuzillet, gastroentérologue et oncologue digestif à l'Institut Curie à Paris. Ce qu'elle illustre par une image simple : "si on vous dit que la moyenne dans la classe de votre enfant est de 10/20, ça ne vous dit pas quelle est la note de votre enfant".
Cette difficulté à donner un chiffre s'explique par le nombre élevés de facteurs "qui rentrent en ligne de compte dans les valeurs moyennes de pronostic" : ces facteurs sont à la fois liés "au terrain des patients, à la tumeur, à son type biologique, à son extension...", liste la spécialiste. C'est pourquoi "on ne peut pas dire à l'échelle individuelle très précisément ce qui va se passer".
"On ne sait pas si la tumeur est résistante ou sensible aux traitements"
D'autant qu'un autre paramètre joue aussi un rôle fondamental : "l'évolution des patients est très dépendante de la manière dont ils répondent aux traitements", appuie la Pre Neuzillet.
Et "on n'a pas à l'heure actuelle de moyen de savoir si la tumeur va être sensible ou pas", déplore-t-elle. "C'est une des pistes de recherche que de chercher l'équivalent des antibiogrammes pour les bactéries avec la chimiothérapie, en faisant des chimiogrammes, mais ce ne sont pas encore des techniques qu'on a en routine" précise la spécialiste.
"Ce qui fait que quand on a un patient en face de soi en consultation, on ne sait pas s'il va avoir une tumeur très résistante aux traitements ou si au contraire elle va être très sensible et dans ce cas-là son pronostic va être très différent", conclut la Professeure.
Comment reconnaître un cancer du pancréas ?
En 2018, en France, plus de 14 000 nouveaux cas ont été détectés. Un nombre en constante augmentation puisqu'en moyenne, on compte 3 % de cas de plus chaque année.
Le cancer du pancréas reste longtemps sans symptôme, ce qui explique son diagnostic souvent tardif. Une perte de poids inexpliquée, une perte d'appétit, de la fatigue ou une difficulté à digérer peuvent être les premiers signes d'alerte. Une jaunisse apparaît parfois, accompagnée de démangeaisons, signe que la bile fabriquée par le foie ne s'écoule plus normalement. Des douleurs fortes et persistantes derrière l'estomac ou au niveau du dos sont aussi des symptômes possibles.
Quand la tumeur comprime l'estomac ou la partie supérieure de l'intestin qui entoure le pancréas, le duodénum, le patient a des nausées, il manque d'appétit et maigrit rapidement. Des signes souvent tardifs et qui n'évoque pas d'emblée un cancer du pancréas.