Cancer du sein : comment retrouver une sexualité malgré l'hormonothérapie ?
Deux femmes sur trois souffrant d'un cancer du sein reçoivent une hormonothérapie après leurs traitements. Ces médicaments qui limitent le risque de récidive entrainent des effets secondaires, notamment sur la sexualité. Témoignage.
Caroline a 42 ans. Il y a trois ans, elle apprend qu'elle est
atteinte d'un cancer du sein qui nécessite un lourd traitement chirurgical et médicamenteux.
"Dans
le protocole de soin qui m'est annoncé, il y a la mastectomie, la chimiothérapie, la radiothérapie et derrière, on me dit déjà que j'aurai de
l'hormonothérapie sur un certain nombre d'années", explique Caroline.
Sécheresse vaginale et perte de libido
Pendant
10 ans, Caroline devra suivre une hormonothérapie. Ce traitement vise
à bloquer les hormones féminines qui,
chez elle, stimulent l'apparition et la croissance de nouvelles tumeurs. Mais
cette thérapie hormonale provoque de
nombreux effets secondaires.
"Je suis une bonne cliente parce que je coche tous les effets secondaires ! Il y a les
bouffées de chaleur, les sueurs nocturnes, les douleurs articulaires, il y a
les sautes d'humeur... et puis il y a ces problèmes de sècheresse vaginale qui, en plus d'apporter un inconfort quotidien compliqué à vivre, m'a
provoqué des problèmes de vaginisme, parce que puisque j'ai mal, dans
l'appréhension, je me contracte au moment du rapport sexuel", raconte Caroline.
Contre les sècheresses, son oncologue lui prescrit des gels lubrifiants et de l'acide hyaluronique, mais rien ne fonctionne.
Caroline se sent responsable de sa perte de libido et
culpabilise face à son mari Matthieu.
"Un traitement qui était une castration chimique"
"Il a fallu que ce soit mon psychologue qui me fasse
comprendre que si je n'éprouvais plus de désir face à mon mari, ce n'était pas
parce que je ne l'aimais pas, mais parce que j'avais un traitement qui était une
castration chimique", confie Caroline.
"Mécaniquement, ça ne fonctionnait pas, elle avait mal,
donc on a arrêté... mais son inquiétude après, c'était de savoir si cela allait revenir, comment on allait faire tous les deux...", confie Matthieu.
Massages, accessoires, préliminaires...
Pour se réapproprier son corps, après l'ablation de ses deux seins, Caroline a fait des séances photo avec un photothérapeute. Et avec Matthieu, ils ont appris à dialoguer autour de leur sexualité. "On trouve des solutions de contournement, on utilise des accessoires,
des massages avec des huiles parfumées", précise Caroline.
"On va peut-être faire plus de préliminaires, beaucoup plus longs,
différemment, et à la fin, on n'aura peut-être pas de pénétration, mais on aura
pris du plaisir tous les deux", affirme Matthieu.
Mais Caroline ne se sent pas pleinement épanouie et elle doit longtemps insister auprès de son oncologue pour trouver une autre solution.
"Il est hors de question que le traitement m'empêche de vivre"
"Ça fait deux ans que je sonne le signal
d'alarme. Je viens enfin d'être entendue par mon oncologue. On a décidé
de changer de traitement, malheureusement en changeant la molécule, je prends plus de risque en termes de récidive. J'ai 42 ans, j'ai envie d'avoir une vie de
femme épanouie, une vie sexuelle dans mon couple. Il est
hors de question de me dire que le traitement de cette maladie va m'empêcher de
vivre correctement et puis voilà, on s'aime, donc il n'y a pas de raison qu'on n'arrive pas à faire les choses", conclut Caroline.
Pour
mettre toutes les chances de leurs côtés, Caroline et Matthieu prévoient
maintenant de consulter un sexologue.