Combattre les troubles de l'équilibre avec des techniques d'astronautes !
Pour mieux comprendre les troubles de l'équilibre, des chercheurs de l’université de Caen ont fait appel à la NASA. Et pour cause : dans l'espace et à leur retour sur Terre, les astronautes en souffrent aussi. Reportage.
Quand les astronautes portés par l’apesanteur à des centaines de kilomètres de la Terre reviennent de l’espace, ils peinent à tenir en équilibre... comme certains patients souffrant de vestibulopathie, une maladie qui touche l’oreille interne et perturbe l'équilibre.
À l’université de Caen, une recherche hors norme vient de débuter. Aujourd’hui, cet homme participe à une batterie d’examens pas comme les autres : des tests élaborés par la NASA.
L'examen vestibulaire des vertiges
"Les astronautes dans l’espace n'utilisent pas leur système vestibulaire donc lorsqu’ils reviennent, ils sont comme ces patients. Deux heures après l’atterrissage, c’est le genre de tests que l’on fait pour voir quels mouvements ils peuvent faire immédiatement, après le retour d’un vol spatial", explique
Gilles Clément, directeur de recherche au CNRS et collaborateur de la NASA.
Pour améliorer la prise en charge de ces malades, les scientifiques cherchent à mieux comprendre leurs similitudes avec les astronautes. Ils sont 50 patients, venus de toute la France, à passer une série de tests, et certains plutôt amusants.
Le test du fauteuil rotatif, bien connu des astronautes, permet en fait d’évaluer si l’oreille interne du sujet perçoit le mouvement en analysant ses yeux. Sur un sujet sain, l’oeil compense la rotation.
"Quand la tête tourne vers la droite, il y a un réflexe qu’on appelle le réflexe vestibulo-occulaire qui va emmener les yeux en sens inverse et à la même vitesse et donc c’est un réflexe qui va stabiliser le regard, c’est un réflexe d’équilibration", commente le Pr Pierre Denise, chercheur au laboratoire COMETE (Université de Caen) et professeur en physiologie médicale CHU de Caen.
Une mauvaise perception de la gravité
Chez le patient malade, l’oeil est immobile, son oreille interne ne détecte presque rien. Ses canaux semi-circulaires ne fonctionnent pas du tout. Ces patients ont des troubles de l’équilibre, une désorientation, comme pour les astronautes. Leurs symptômes sont dus à une absence ou une mauvaise perception de la gravité.
C’est ce que cherche à démontrer cet autre examen, mené dans une IRM. Une zone du cerveau y est scrutée : celle qui est sollicitée quand le patient réalise une tâche nécessitant une utilisation de l’information gravitaire. "On s'attend à avoir une activation moins importante dans les sujets qui ont une atteinte vestibulaire puisque ces sujets-là n’ont plus l’information gravitaire", confie le Dr Olivier Etard, neurophysiologiste, au laboratoire COMETE-Université de Caen et CHU de Caen.
Si des patients et des astronautes souffrent effectivement des mêmes troubles, cela ouvrira de nouvelles voies de rééducation pour les malades et de réentrainement pour les astronautes, avant une prochaine mission sur Mars.