Comment traiter une descente d'organes sans chirurgie ?
Avant d'envisager une chirurgie, la rééducation périnéale chez un kiné permet de traiter un prolapsus. Elle consiste en un ensemble d’exercices qui tonifient le périnée et apprennent à le préserver. Reportage.
Laurine a rendez-vous chez sa kinésithérapeute. Il y a quatre mois, juste après son accouchement, elle s’inquiète de symptômes inhabituels.
"Je ressentais beaucoup de pesanteur tout au long de la journée... Je sentais comme si une grosse boule était dans mon vagin en permanence. J’avais beaucoup de difficultés à marcher, à rester debout longtemps", explique Laurine, 30 ans.
Renforcer le périnée pour stabiliser le prolapsus
Après quelques semaines, son gynécologue lui diagnostique un double prolapsus. Son rectum et sa vessie sont partiellement descendus dans son vagin. Une annonce bouleversante pour la jeune maman.
"Face à ce diagnostic, j’étais vraiment paniquée, triste, et j’avais très peur que tout dégringole tout le temps. Je ne connaissais pas du tout ce qu’était une descente d’organes, avant que ça ne m’arrive, je pensais que ça pouvait juste arriver aux femmes qui avaient 80 ans, et pas avant", confie Laurine.
Depuis trois mois, Laurine suit des séances de rééducation du périnée. L'objectif est de le renforcer pour stabiliser le prolapsus. "Le périnée, la sangle musculaire, vient soutenir les viscères et en fait ce qu’il se passe chez vous, c’est que vous avez la vessie qui descend parce que ce muscle-là suite à votre accouchement a été endommagé et du coup ne soutient plus correctement les organes", explique Sandrine Gaillac-Alanbari, kinésithérapeute.
Rééducation manuelle, sonde, travail d'équilibre...
Le premier exercice pour Laurine consiste à mobiliser son périnée grâce à une rééducation manuelle. La kinésithérapeute déplace ses doigts, de façon à évaluer le travail des différents muscles du périnée.
Laurine poursuit avec le même exercice, mais cette fois, une sonde placée dans son vagin, lui permettant de visualiser ses contractions, représentées par une courbe sur un écran.
La kinésithérapeute met ensuite Laurine en situation de déséquilibre, pour tester les contractions réflexes de son périnée."Au tout début de la rééducation, quand on me demandait de contracter, je ne sentais quasiment rien et au fur et à mesure là je sens vraiment ma contraction volontaire. Quand on fait ce travail debout, comme on ne doit pas contracter volontairement, je n’ai pas l’impression que ce soit le périnée qui travaille, mais juste mon équilibre en fait", confie Laurine.
Adapter les activités physiques et sportives
C'est un automatisme développé grâce au lien entre son périnée, ses abdominaux et une bonne respiration. Mais pour prévenir la descente d’organes, il faut aussi faire attention à certaines situations.
"Il est important d’éviter d’avoir de la constipation, de ne pas porter des charges lourdes, d’éviter les activités sportives délétères à fort impact ou des abdominaux de type hyperpressif. Certains métiers sont plus favorisants que d’autres, particulièrement les métiers ou les gens travaillent debout", avertit Sandrine.
Pour continuer à stabiliser son prolapsus, Laurine devra poursuivre la rééducation chaque année, et s’entraîner chez elle. Si les symptômes s’aggravent, une chirurgie pourrait être envisagée.