Comment un scanner peut aider à traiter la goutte
Pour voir la présence d’acide urique dans les articulations et vérifier l'efficacité du traitement contre la goutte, certains centres commencent à utiliser le scanner double énergie. Comment ça fonctionne et à quoi sert-il ? Reportage.
Pour cet homme d’affaires, le soir est un moment privilégié pour faire du sport. À 43 ans, Baptiste Bayart n’a rien perdu de sa foulée. Pourtant, il a souffert pendant près de 10 ans de crises de goutte régulières.
"Aujourd’hui, après avoir été traité de la goutte, j'ai pu repratiquer une activité sportive régulière. J'avais encore quelques rhumatismes que je n'ai plus aujourd'hui à l'issue du traitement qu'on a fait, du scanner qui a été réalisé. C'est un bonheur, je retrouve goût à énormément de choses", explique Baptiste Bayart, 43 ans.
Des aliments à éviter totalement
Au début de sa prise en charge, Baptiste a suivi des restrictions alimentaires conseillées par les médecins. Fini les fruits de mer, la viande rouge ou encore les poissons gras. Mais ça n’a pas vraiment permis de faire baisser son taux d’acide urique dans le sang.
"On vous rend coupable de tout ce que vous mangez, de tout ce que vous pouvez boire, en vous disant que c'est la "maladie des rois". En fait non, c'est simplement de l'hérédité, de la génétique et c'est absolument une injustice", poursuit Baptiste Bayart.
S'il a vu ses deux grands-pères souffrir de la goutte également, Baptiste, lui, a fait sa première crise à 33 ans. Au fur et à mesure, la douleur s’est intensifiée. Les crises ont gagné ses chevilles, ses genoux et son poignet droit.
"On ne peut rien poser sur l'articulation"
"On ne peut rien poser sur l'articulation qui est touchée sinon, c'est très douloureux, pas même le drap sur le doigt de pied. De temps en temps, on trouve une position un peu moins désagréable avec l'impression que ça apaise. On a un peu l'espoir, mais ça ne dure rarement plus de trois ou quatre minutes", raconte Baptiste Bayart.
Ces douleurs ont disparu grâce aux médicaments qu’il prend chaque matin. Le dosage qu'il lui fallait a été prescrit par les rhumatologues d'un hôpital en région lilloise. Ici, il y a un scanner de dernière génération, un scanner double énergie. Depuis trois ans, tous les patients goûteux en bénéficient.
"C'est un scanner qui ressemble à tous les autres scanners sauf qu'à l'intérieur de celui-ci, au lieu d'avoir un tube qui fabrique les rayons X, il y a deux tubes et qui vont nous permettre, quand on en a besoin, d'utiliser deux puissances de rayon X différentes", explique le Pr Jean-François Budzik, radiologue à l'hôpital Saint-Philibert Lomme.
Un scanner dernière génération en 3 dimensions
Avec cette technologie, les patients passent des images scanners classiques tout en nuances de gris à une visualisation en trois dimensions. Sur ses pieds, les cristaux d’acide urique ont été identifiés en vert par l’algorithme et vérifiés par le radiologue.
"L'intérêt, outre de voir l'endroit où ils se trouvent, c'est-à-dire par exemple sur des tendons, sur des articulations, dans des endroits particuliers du pied. On peut en plus avoir grâce au logiciel, le volume qui va donner l'importance de l'atteinte, l'importance des dépôts de cristaux", poursuit le Pr Jean-François Budzik, radiologue.
Baptiste a été pris en charge dans ce service en 2021. Il vient tous les ans pour une visite de contrôle. Il n'a plus de crise depuis un an, la dernière remonte à mars 2022 et depuis pas d'alerte, pas de moments difficiles. Cela correspond bien avec son scanner qui ne montre presque plus de cristaux.
"Ce qui est formidable pour moi avec le scanner finalement, c'est de mettre une image sur une douleur qui est une douleur réelle", confie Baptiste Bayart.
Un procédé encore à l’étude
Pour certains patients très sévères, les résultats à un an d’intervalle sont spectaculaires. Les cristaux d’acide urique ont disparu.
"La goutte est le seul rhumatisme inflammatoire dont on peut guérir. Le fait de dire au patient que ses crises sont liées à ces cristaux, qu'on va les faire fondre dès qu'on aura réussi à les nettoyer, qu'ils ne feront plus jamais de crise, c'est beaucoup plus concret", explique la Drz Audrey Pacaud, rhumatologue à l'hôpital Saint-Philibert, à Lomme.
Le scanner est peu irradiant pour les patients et les incite à poursuivre correctement la prise de leur traitement. Le procédé est encore ici à l’étude pour en saisir tous les bénéfices.