Congeler ses ovocytes sans raison médicale, comment ça marche ?
Depuis la nouvelle loi de bioéthique d'août 2021, l'autoconservation des ovocytes est possible pour les femmes, sans condition d’infertilité ni de don d’une partie de ces gamètes à autrui. Mode d'emploi.
Ce matin, Aurélie s’est levée aux aurores. C’est le grand jour pour elle. Après plus d’un an de démarches, elle a rendez-vous aujourd’hui à l’hôpital de Poissy pour une ponction d’ovocytes sans raisons médicales.
Toutes les femmes entre 29 et 37 ans
"Je pense qu'un jour, j'aurai envie de devenir maman. Aujourd'hui, par rapport à ma situation personnelle, je ne peux pas me projeter, je n'ai pas envie moi-même de me mettre une pression. C'est pour ça que j'ai fait cette démarche-là d'autoconservation d'ovocytes", explique Aurélie Lacheneau, 36 ans.
Cette démarche est possible depuis l’ouverture de la nouvelle loi de bioéthique de 2021, et ce, pour toutes les femmes. Un des critères majeurs, c’est l’âge. La ponction est possible entre 29 et 37 ans. Aurélie a 36 ans actuellement.
"On se dit que finalement 37 ans, c'est demain et ça peut passer très vite étant donné qu'il y a des petits délais. En plus, c'est 37 ans jour d'anniversaire, ce n'est pas 37 ans + 364 jours par exemple", précise-t-elle.
Stimulation ovarienne, ponction et décompte
La ponction n’est pas un geste anodin. Avant d’y arriver, Aurélie a dû passer une batterie d’examens et faire une stimulation ovarienne pendant une dizaine de jours.
Sous contrôle échographique, la gynécologue aspire avec une aiguille le contenu de tous les follicules présents dans les ovaires. C'est dans ces petites poches que les ovocytes se développent.
Dans la pièce à côté, le technicien compte en direct les ovocytes qu’il observe au microscope. La procédure aura en tout duré 20 minutes. Quelques minutes plus tard, l’infirmière vient annoncer à Aurélie le nombre d’ovocytes qui vont être congelés. Ils sont au nombre de vingt.
"C'est génial, ça retire en stress. Je me sens sereine si j'ai envie de pouvoir les utiliser pour ensuite tomber enceinte", commente Aurélie. Elle aura jusqu’au jour de ses 45 ans pour utiliser ces ovocytes.
Jusqu’à deux ans d'attente
Depuis 2021, les soignants de ce service d’aide médicale à la procréation ont vu affluer des profils comme celui d’Aurélie. Ici, l’activité a augmenté de 30 % l’an dernier."On pensait vraiment que c'était une vague suite à l'annonce de cette loi de bioéthique, mais pour l'instant la demande ne diminue pas" observe la Docteure Laura Alter Ziegler, responsable du CECOS du centre hospitalier de Poissy-Saint-Germain.
"On a de nouvelles patientes notamment des couples de femmes, des femmes seules. Ça rallonge un petit peu les délais d'attente pour tout le monde, mais, on fait en sorte d'y répondre du mieux qu’on peut", ajoute-t-elle.
En Île-de-France, les délais d’attente peuvent monter jusqu’à deux ans dans certains centres. D’autres structures ont fait la demande d’autorisation pour congeler les ovocytes afin d’absorber cette demande.