Covid : l'hydroxychloroquine impliquée dans le décès d'au moins 17 000 personnes
L’hydroxychloroquine utilisée pour traiter le Covid-19 aurait joué un rôle dans plus des dizaines de milliers de décès dans le monde, révèle une étude française. Ce médicament, initialement utilisé pour guérir le paludisme, a fait l'objet de plusieurs polémiques durant la pandémie.
Elle avait beaucoup fait parler d'elle durant la première vague de pandémie du Covid-19, au printemps 2020. L’hydroxychloroquine, utilisée initialement contre le paludisme, a même été présentée comme un remède miracle, notamment par le professeur marseillais Didier Raoult qui l’a largement prescrite sans autorisation des autorités sanitaires.
Quatre ans après, une étude publiée ce mardi 2 janvier dans la revue Biomedicine & Pharmacotherapy montre que ce médicament aurait joué un rôle dans la mort de 17 000 patients.
200 morts en France
Dirigée par des chercheurs du CHU de Lyon, cette étude s’est concentrée sur six pays (États-Unis, Belgique, Italie, Espagne, France et Turquie), sélectionnés pour l’accessibilité de leurs données concernant l'administration de ces traitements (comme le nombre de patients hospitalisés avec le Covid, leur taux de mortalité et le taux de prescription de l’hydroxychloroquine). Grâce à ces données, les chercheurs ont pu calculer le nombre de patients décédés en lien avec la prise d’hydroxychloroquine.
Au total, ils ont ainsi recensés 16 990 morts directement liés à l’utilisation d’hydroxychloroquine pour traiter le Covid-19 entre mars et juillet 2020 dans ces six pays. En France, ce chiffre s’élève à 200, tandis que les États-Unis comptent à eux seuls 13 000 morts.
À lire aussi : Hydroxychloroquine : info ou intox ?
Un traitement qui augmente les risques cardiaques
Lorsque le traitement à l’hydroxychloroquine est mal dosé ou donné à des individus fragiles, il peut entraîner à long terme des troubles du rythme cardiaque. Et selon les auteurs de l'étude, la toxicité de l'hydroxychloroquine chez les patients atteints de Covid-19 est partiellement due à ces effets secondaires cardiaques, "notamment des troubles de la conduction cardiaque (tachycardie ou fibrillation ventriculaire)". Ainsi, ce traitement a conduit à une augmentation du taux de mortalité (+ 11 %) chez les patients atteints du Covid-19, déjà fragilisés par cette maladie.
"Donner un traitement inutile et potentiellement toxique à des patients déjà fragiles est quelque chose de dangereux" rappelle à France Inter Pierre Tatevin, épidémiologiste et chef du service des Maladies infectieuses du CHU de Rennes. En effet, ce médicament n’a démontré aucun effet notable dans la guérison du Covid-19.
Des chiffres en deçà de la réalité
Le nombre réel de morts est probablement plus important que les chiffres publiés : des pays comme le Brésil ou l’Inde n’ont pas été inclus dans l’étude. Or, le traitement à l’hydroxychloroquine a été massivement utilisé dans ces pays, où l’accessibilité des données est plus difficile.
Deuxième raison à cette probable sous-estimation : l’étude ne porte que sur la première vague de l’épidémie, mais ce médicament a continué à être prescrit dans les mois qui ont suivi.