De l'amputation à l'appareillage : une rééducation pas à pas
Des bébés avec une main en moins, ou une jambe plus courte que l’autre… Chaque année en France, près de 370 enfants naissent avec une malformation. Une épreuve pour les parents qui ne le découvrent parfois qu’à la maternité.
Parmi ces malformations, l’agénésie, l’absence d’un membre, peut aboutir à l'amputation. Clémentine est la maman de Jean, ce bébé est né avec une agénésie du péroné et grandit désormais sans son pied gauche.
Danser, le sourire éclatant, en affichant fièrement sa différence. Clémentine n’a pas peur de montrer le moignon de son enfant, Jean sur les réseaux sociaux. "C’est pour montrer que la différence peut être cool aussi et puis, pour habituer le plus de monde possible à ne pas être toujours choqué dès qu'on voit quelque chose de différent", explique Clémentine Widehem, maman de Jean.
Faire du handicap une force
A seulement 9 mois, Jean a dû se faire amputer car il lui manquait un os à la naissance, le péroné.
Un handicap visible qui est devenu une force pour sa mère. Elle partage son histoire sur ses réseaux, avec un brin d’humour, pour surmonter cette épreuve et montrer sa fierté.
Si la jeune maman parvient désormais à vivre le handicap de son premier enfant avec le sourire, les premiers mois ont été très difficiles. C’est après l’accouchement, à l'habillage, que Louis a découvert la malformation de son fils.
"J’ai découvert qu'il n'avait que 4 orteils, sous le coup de l’émotion, je me suis dis que j’allais compter ses orteils sur son autre pied. Tout de suite, j’ai pris l’importance que ça avait. Je me suis dit qu’il y avait un problème vraiment sur son pied. Ça a eu un effet de l'ascenseur émotionnel. Après la joie de l'accouchement, le monde s'effondre", explique Louis Pochet, le père de Jean.
Jean est né sans péroné, 4 orteils au pied gauche et une jambe plus courte que l’autre, personne n'en connaît la cause. C'est un handicap qu’il gardera toute sa vie. Les médecins présentent alors aux parents deux solutions : l’amputation ou un programme d’allongement de la jambe sur plusieurs années, très lourd et sans résultats certains.
L'amputation, un choix difficile
"On s’est dit que ça allait être dur, qu'il ne pourrait pas faire de sport, qu'il allait boiter, c’était vraiment pas ce qu’on voulait. On ne voulait pas du tout qu’il passe son enfance à l'hôpital avec tous les rendez-vous médicaux que ça allait engendrer pour lui", commente Clémentine.
L’amputation de son enfant est un choix extrêmement difficile, que les jeunes parents ont fait pour le bien-être de leur fils. Deux mois après l’opération, Jean a lui aussi retrouvé le sourire et essaye même de se mettre debout.
"Il est un peu brinquebalant dans tous les sens. Du coup c’est un peu plus compliqué pour lui mais en fait, j’ai l’impression que, peu importe, quand il veut faire quelque chose, il le fait et il va y aller", se réjouit Clémentine.
Une prothèse en guise de nouveau pied
C’est un grand jour pour Jean. Il va enfin recevoir un nouveau pied gauche pour l’aider à courir et à marcher, comme les enfants de son âge. La première prothèse d’une longue série, puisqu’il faudra la changer tout au long de sa croissance.
"Tant que sa croissance n’est pas terminée, il va toujours falloir qu’on se revoie, pour réajuster la hauteur de la prothèse, et vraiment toujours suivre sa croissance, pour ne pas qu’il y ait de déséquilibre au niveau du bassin et au niveau du dos et créer d’autres douleurs", explique Laurent Coillot, orthoprothésiste.
L’heure de l’essayage est arrivée. Une fois la prothèse emboîtée autour de son manchon, Jean est prêt à se familiariser avec son nouveau pied. Il y prend même vite goût, sous le regard ému de sa mère.
"Je suis super contente. C‘est ce qu’on attendait avec impatience. Il commence déjà à marcher avec, quand on le tient, c’est super émouvant", conclut Clémentine.
Près d’un an après sa naissance, des mois de rendez-vous médicaux et de combat difficile, Jean se redresse fièrement avec l’aide de sa maman, et de son nouveau pied.