En buvant une bière cul sec, Emmanuel Macron pratique-t-il le binge drinking ?
Le président de la République a profité des célébrations de la victoire du Stade Toulousain en finale du Top 14 pour descendre une bouteille de Corona cul sec dans les vestiaires. S'agit-il pour autant de binge-drinking ?
La vidéo a fait le tour des réseaux en quelques heures. On y voit Emmanuel Macron boire cul sec une bière, dans la soirée du samedi 17 juin, dans le vestiaire du Stade Toulousain, vainqueur de la finale du Top 14 de rugby.
Cul sec de Macron 😂 #macron pic.twitter.com/EAK9vPtwTQ
— 𝕃𝕦𝕔𝕒𝕤.𝔽.🇫🇷⭐️⭐️ (@LUCAS_F_46) June 17, 2023
Le président de la république fête la victoire des Toulousains avec une bière Corona, qu’il a bue d’une seule traite, encouragé par les joueurs. Sur les réseaux sociaux, anonymes et politiques se sont emparés de cette vidéo pour critiquer l’attitude du chef de l’État.
"Un président de la République ne devrait pas faire ça"
La députée écologiste Sandrine Rousseau a dénoncé dans cette image "la masculinité toxique dans le leadership politique".
La masculinité toxique dans le leadership politique en une image. https://t.co/jI6gNWksO5
— Sandrine Rousseau (@sandrousseau) June 18, 2023
Tout en saluant la victoire de Toulouse, le député et porte-parole du groupe PS à l'Assemblée nationale, Arthur Delaporte, s'est indigné: "Un président de la République ne devrait pas faire ça".
Bravo Toulouse !
— Arthur Delaporte (@ArthurDelaporte) June 18, 2023
Mais un président de la République ne devrait pas faire ça.
50 ans de politiques de santé publique contre la consommation excessive d’alcool, le binge drinking… le message passé n’est clairement pas le bon. https://t.co/T4iOolxWXO
"50 ans de politiques de santé publique contre la consommation excessive d’alcool, le binge drinking… le message passé n’est clairement pas le bon", a-t-il ajouté. Alors Emmanuel Macron s’est-il vraiment adonné à la pratique du “binge drinking”, ou de la biture express, en français dans le texte ?
Qu'est-ce que le binge drinking ?
Selon la Haute autorité de santé (HAS), le binge drinking peut être défini comme la consommation d’au moins six verres d’alcool (soit 60 g d’alcool pur) par occasion. Le binge drinking concerne principalement les jeunes, en particulier ceux âgés entre 15 et 25 ans et correspond à un état d’ivresse aiguë avec des spécificités propres.
Comme le précise Ameli, la plateforme de l’Assurance maladie, le binge drinking est un comportement choisi, contrairement à une addiction. L’effet recherché est l’ivresse obtenue le plus rapidement possible. Or c’est précisément cette vitesse de consommation qui est dangereuse.
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Comment limiter le binge drinking ?
Si les autorités sanitaires alertent sur le danger de cette pratique auprès d’une population jeune (18-25 ans), le binge drinking peut toucher n’importe quelle catégorie d’âge. Les repères de consommation fournis par les autorités sanitaires s’adressent ainsi aux adultes en bonne santé, sans distinction de sexe (hors femmes enceintes).
Ils prennent en compte la fréquence et la quantité d’alcool consommé. Ces recommandations portent sur trois points :
- Ne pas consommer plus de 10 verres standard par semaine ;
- Ne pas consommer plus de 2 verres standard par jour ;
- Avoir des jours dans la semaine sans consommation.
Quels sont les risques du binge drinking ?
Le binge drinking expose les consommateurs à des dangers spécifiques accrus, précise Ameli. Ces risques comprennent :
- L’altération des facultés cognitivo-comportementales ;
- Des prises de risques multiples (altercations, conduite en état d’ivresse, etc.), notamment dans le champ de la sexualité (rapports non protégés, relations non consenties) ;
- Des troubles du comportement (violence, impulsivité) ;
- La dégradation du bien-être général (troubles de la concentration, de la mémoire, du sommeil, fatigue, difficultés financières, etc.).
À long terme, la pratique du binge drinking est également néfaste. Elle accroît le risque de développer une dépendance, des cancers, ou des atteintes hépatiques (stéatose, hépatites, cirrhose), cardiaques (cardiopathie ischémique), cérébrales (neuropathies périphériques, encéphalopathies, troubles cognitifs) ainsi que des pathologies psychiatriques.
Emmanuel Macron a-t-il vraiment binge drinké ?
D’après la définition de la pratique, il serait incorrect d’affirmer que le président de la République a "binge drinké" dans les vestiaires du Stade Toulousain, étant donné qu’il n’a bu qu’une seule bière. Cul sec certes, mais sans que cela puisse être qualifié d’une séance de "binge drinking".
Cependant, s’exposer une consommation excessive d’alcool est vivement déconseillé. Dans son bulletin épidémiologique hebdomadaire publié le 11 juin dernier, Santé publique France alertait sur la trop forte consommation d’alcool en France, l’un des pays les plus adeptes de l’alcool au monde.
L’autorité sanitaire en profitait pour rappeler les nombreux dommages causés par l’alcool, la nécessité d’en limiter l’accès et d’en réduire l’attractivité. Un message que ne semble pas avoir entendu Emmanuel Macron…