Feu vert à l'expérimentation d'un dépistage du cancer du poumon chez les fumeurs
Les autorités sanitaires françaises se sont prononcées ce mardi 1er février 2022 pour expérimenter à une échelle limitée le dépistage du cancer du poumon chez les fumeurs.
80 % des cancers du poumon sont attribuables au tabac, alertent les pneumologues depuis des années. Et le message est enfin passé : la Haute Autorité de Santé entrouvre la voie à un dépistage généralisé chez les fumeurs.
Un "programme pilote" de dépistage
La HAS n'envisage pas à ce jour un vaste programme de dépistage, mais admet l'intérêt d'une expérimentation sur le sujet. Elle souhaite lancer "dès maintenant l'engagement d'un programme pilote", note l’instance dans un avis.
La HAS auparavant opposée ce dépistage
Dans son dernier avis en 2016, la HAS s'était opposée à un dépistage organisé par scanner du cancer du poumon.
Pourquoi ? Car le dépistage organisé présente aussi des risques en matière de santé publique. Les autorités craignent essentiellement un risque de "sur-diagnostic": repérer des tumeurs qui n'évolueraient de toute façon pas en cancer et, en conséquence, imposer des traitements lourds et inutiles au patient.
Cette prise de position de la HAS allait à l’encontre des recommandations de nombreux pneumologues, cancérologues et radiologues, qui plaident pour un dépistage organisé du cancer du poumon chez les fumeurs.
Des études en faveur d’un dépistage
Plusieurs études, dont les grands essais "NLST" et "NELSON", ont été publiées sur l'intérêt du dépistage chez les fumeurs. Et les résultats de ces études ont conduit la HAS à actualiser son avis sur le sujet.
Un cancer du poumon détecté tôt a des chances de guérison bien meilleures que s'il est repéré à un stade avancé, et le risque de mortalité est aussi diminué d’environ 20 % grâce au dépistage par scanner thoracique à faible dose.
L'INCa au coeur du futur dispositif
Quel type de fumeur sera ciblé ? Quelle seront les modalités d'examens ? Ces questions restent à ce jour en suspens.
La HAS appelle à déléguer ce programme pilote et des études complémentaires en vie réelle à l'Institut National du Cancer (INCa).
"Des expérimentations françaises d'envergure sont nécessaires pour permettre de répondre aux différents points en suspens et statuer sur les modalités de dépistage les plus adaptées au système français", conclut la HAS.
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