Futurs pères, voici pourquoi vous devriez prendre 2 semaines de congé paternité
Un père et près de deux mères sur dix souffrent de dépression post-partum après la naissance de leur enfant. Cette proportion est réduite chez les pères qui prennent un congé paternité de deux semaines.
Pour votre santé mentale, pensez à prendre un congé paternité de deux semaines. Voilà le message qui ressort d'une récente étude réalisée par des chercheurs de l'Inserm et de Sorbonne Université à l’Institut Pierre-Louis d’épidémiologie et de santé publique. Les résultats de l'étude ont été publiés dans le Lancet Public Health.
Les scientifiques ont recruté 10 000 couples hétérosexuels. Leur objectif de base : étudier les conséquences d'un congé paternité de deux semaines, sur les pères comme sur les mères. Chaque couple participant a donc indiqué si le père avait pris ou avait l’intention de prendre un congé paternité.
Un bilan deux mois après la naissance
Deux mois après la naissance de l’enfant, tous les participants ont renseigné un questionnaire permettant d’évaluer s'ils souffraient de dépression. À deux mois, plus de 64 % des pères avaient déjà pris un congé paternité, 17 % ont déclaré avoir l'intention d’en prendre un et près de 19 % n’en avaient pas pris et ne projetaient pas d’en prendre.
Il en ressort que seuls 4,5 % des pères ayant pris un congé paternité et 4,8 % de ceux ayant l’intention de l’utiliser présentaient une dépression post-partum contre 5,7 % de ceux ne l’ayant pas utilisé. Pour rappel, la dépression post-partum est un phénomène courant chez les nouveaux parents : chez les personnes en bonne santé, 17 % des mères et plus de 10 % des pères sont susceptibles de la développer au cours de l’année suivant la naissance de leur enfant.
"Pour certains parents, la survenue d’un épisode dépressif à cette période cruciale en matière de vie familiale et sociale préfigure l’entrée dans des troubles dépressifs pouvant persister dans le temps", notent les chercheurs.
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Les mères davantage touchées
En revanche, cette tendance s'inverse chez les mères. Ainsi, 16,1 % des mères dont le partenaire a utilisé le congé paternité présentaient une dépression post-partum contre 15,1 % de celles dont le partenaire avait l’intention d’utiliser le congé paternité, et 15,3 % de celles dont le partenaire n’avait pas pris de congé paternité.
Ainsi, "si la prise ou le projet de congé paternité de 2 semaines sont associés chez les pères à une diminution du risque de dépression post-partum, chez les mères, la prise du congé paternité par le conjoint ne semble pas avoir d’effet bénéfique significatif", explique l'étude.
Un congé insuffisant pour prévenir la dépression des mères ?
Comme l'expliquer ? La durée de deux semaines de congé paternité "n’est a contrario pas suffisante pour prévenir la dépression post-partum des mères", indique Katharine Barry, doctorante Inserm à Sorbonne Université et première autrice de ces travaux.
Les scientifiques expliquent aussi qu'il est possible que les pères dont la compagne est plus à risque de dépression, prennent plus volontiers un congé paternité. En effet, ils n'ont pas pu évaluer avec certitude la préexistence de troubles dépressifs chez les participantes en-dehors d'une grossesse.
Le congé paternité allongé
De futures recherches devraient ainsi examiner l’impact que la durée et le moment du congé paternité peuvent avoir sur la santé mentale des parents et sur le développement des enfants, y compris depuis l’allongement de la période de ce congé en 2021.
Actuellement, les pères disposent de 25 jours de congés. Ils doivent obligatoirement poser les quatre jours suivant la naissance de leur enfant. Ensuite, ils ont 21 jours qu'ils peuvent fractionner s'ils le souhaitent, chaque période devant durer au minimum cinq jours.