L’Académie de médecine opposée à l’allongement du délai d'accès à l'IVG
L'Académie de médecine se dit opposée à l'allongement du délai légal d'accès à l'IVG de 12 à 14 semaines, adopté en première lecture par l'Assemblée nationale. L'Académie craint des manœuvres chirurgicales "dangereuses pour les femmes".
Le droit à l’avortement continue de diviser. Alors que l’Assemblée nationale a voté le 8 octobre en première lecture l’allongement du délai d’accès à l’IVG de 12 à 14 semaines, l’Académie nationale de médecine affirme ce 12 octobre son opposition à cette mesure.
"En portant ce délai à 16 semaines d'aménorrhée (soit 14 semaines de grossesse, ndlr), on augmente le recours à des manœuvres chirurgicales qui peuvent être dangereuses pour les femmes et à une dilatation du col plus importante susceptible de provoquer des complications à long terme comme un accouchement prématuré", estime l'Académie dans un communiqué.
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Préférer une "prise en charge plus rapide"
En Europe, pourtant, plusieurs pays autorisent déjà l’IVG à plus de 12 semaines de grossesse : 14 semaines en Espagne et en Autriche, 18 semaines en Suède, 22 aux Pays-Bas et jusqu’à 24 semaines au Royaume-Uni.
Mais pour l’Académie, "cet allongement entraînera inéluctablement une augmentation significative des complications à court ou à long terme" et il ne correspond pas à l'attente des femmes, qui aspirent plutôt à une "prise en charge plus rapide" lorsqu'elles souhaitent avoir recours à une interruption de grossesse.
Aussi, l'Académie de médecine recommande aux autorités sanitaires "de maintenir le délai légal" actuel tout en "rendant plus accessibles et dans des délais moindres" les centres de santé qui prennent en charge des IVG.
Pas d’IVG chirurgicales pour les sages-femmes ?
Le texte propose, outre l'allongement des délais légaux, de permettre aux sages-femmes de réaliser des IVG chirurgicales jusqu'à la 10e semaine de grossesse. Une mesure que l'Académie de médecine "déconseille" également, quel que soit le délai d’accès à l’IVG, "compte tenu de (l’absence) actuelle de qualification chirurgicale (des sages-femmes)".
L’Ordre des médecins tient à la clause de conscience
Dernier point polémique : la suppression de la clause de conscience spécifique à l'IVG pour les médecins également inscrite dans le texte adopté en première lecture.
C’est l’Ordre des médecins qui a exprimé le 10 octobre son opposition à cette suppression, estimant que "ni la disparition de la clause de conscience, ni l'allongement des délais légaux (...) ne permettront de répondre aux difficultés qui peuvent, aujourd'hui encore, se poser à nos concitoyennes souhaitant avoir recours à une IVG".
Garantir "un égal accès à l’IVG"
L’allongement des délais, le transfert de compétences aux sages-femmes pour la pratique des IVG chirurgicales et la suppression de la clause de conscience sont des demandes récurrentes d'associations féministes pour garantir "un égal accès à l'IVG" sur tout le territoire.
Du fait d'un manque de praticiens et de la fermeture progressive de centres IVG en France, il s'écoule souvent plusieurs semaines entre le premier rendez-vous et l'intervention. Chaque année, entre 3.000 et 4.000 femmes "hors délai" partiraient avorter à l'étranger, selon un rapport parlementaire publié en 2000.