La sieste, une arme puissante pour les militaires

C’est l’un des corps de métier qui demande le plus de vigilance, de jour comme de nuit, dans le ciel, en mer ou sur la terre. À chaque instant sur le terrain, les militaires doivent rester concentrés et réactifs. Pour rester au top, les militaires ont mis au point une arme étonnante : la sieste.

Limiter les effets de la dette de sommeil

L’institut de recherche biomédicale des armées étudie chaque paramètre de ce cours répit. Noémie est équipée d’électrodes. Ces capteurs vont enregistrer l’activité électrique cérébrale et suivre les différents stades de son sommeil. Mais avant de faire un petit somme, elle doit passer un test de mémoire pour vérifier sa capacité attentionnelle.  

"Pratiquement toutes les activités militaires entraînent de façon plus ou moins importante des dettes de sommeil" explique le médecin en chef Fabien, chef de l'unité fatigue et vigilance au Service de santé des armées."Cette dette de sommeil aiguë d'une nuit ou alors chronique, de plusieurs nuits, altère les performances mentales, l’attention et en particulier la mémoire de travail. C'est une information perçue, mais qui n'est pas retenue donc pas réutilisable".

Un test de mémoire va permettre d’évaluer certaines capacités cognitives de Noémie comme la mémoire, la concentration et la réactivité.

Entre sommeil léger et sommeil lent profond

Maintenant, Noémie va profiter d'une sieste courte de 30 minutes. Le but est qu'elle ne perturbe pas son travail et qu'elle puisse retravailler cet après-midi dans de bonnes conditions.

"La sieste est un outil majeur, encouragé par le commandement, qui est présent dans nos textes et qu'on n'utilise pas encore assez, mais, qu'on utilise sur tous les théâtres d'opérations", précise le médecin en chef Fabien.

Après une dizaine de minutes, les premiers signes de sommeil apparaissent sur l’écran."On observe des ralentissements de l'activité électrique cérébrale. Les yeux sont cloués, ne bougent plus. On voit apparaître des ondes caractéristiques d'un sommeil lent, léger. On voit qu'elle a des attaques de sommeil lent profond. Elle va errer comme ça quelques minutes entre un sommeil léger et un sommeil lent profond et puis classiquement elle va dormir une vingtaine de minutes, sur les 30 minutes de sieste", poursuit le médecin en chef Fabien.

Trouver le temps de sieste idéal

Après 30 minutes, c’est l’heure du réveil et du débriefing. Noémie ne pense pas avoir dormi. Pourtant, elle a mis un peu de temps à s'endormir, mais après s'être tournée sur le côté, elle a fini par s'endormir.   

Encore somnolente, Noémie repasse le test de mémoire. L’objectif de l’étude est de trouver pour les soldats le temps de sieste idéal. Elle pense avoir moins bien réussi le test que la première fois et a eu plus de difficultés.

"Souvent après une sieste, même courte, on a quand même des difficultés à réaliser un test cognitif. C'est lié à l'inertie de sommeil, on n'est pas encore tout à fait réveillé. Il faut qu'on rassure nos militaires pour qu'ils puissent plus pratiquer la sieste puisque dès qu'on a passé cette inertie de sommeil, qui va durer peut-être 30 min, la performance sera meilleure. C'est vraiment un outil pour pouvoir se maintenir éveillé et performant pendant le reste de la journée", confirme le médecin en chef Fabien.

La sieste recommandée pour tous

La sieste est maintenant recommandée dans l’armée. En bonne militaire, Noémie a dû s’y plier."En mission, j’ai dû intégrer des siestes. Au début, je me moquais un peu de mes collègues. On a un peu l'impression de passer pour un feignant ou quelqu'un qui n'a pas envie de travailler. Au bout de quelques jours, j'étais assez d'accord pour dire que les siestes étaient indispensables", explique Noémie, technicienne de laboratoire de classe normale au Service de santé des armées.

À l’instar des militaires, dans toutes les situations, apprenez à faire un petit somme pour garder la forme toute la journée.