Les substituts nicotiniques sont-ils toxiques à long terme ?
Les substituts nicotiniques peuvent être une aide précieuse pour arrêter de fumer. Mais est-il préférable de consommer à vie des substituts nicotiniques plutôt que de fumer ? On vous répond.
Patchs, pastilles, comprimés, gommes, inhalateurs… Quelle que soit la forme, le principe des substituts nicotiniques est le même : aider les fumeurs à arrêter la cigarette en soulageant les symptômes liés au manque.
Les études montrent que quand ces substituts sont utilisés, les personnes ont deux fois plus de chances de réussir à arrêter de fumer que si elles n’en prennent pas. Mais certains anciens fumeurs n’arrivent plus à s’en passer. Et même des années après, ils continuent à mâcher des gommes à la nicotine comme s'il s'agissait de simples chewing-gums.
"Il vaut mieux rester à vie avec des substituts"
La docteure Marion Adler, tabacologue, tente de rassurer et explique que "la nicotine, même prise pendant 10 ans, 20 ans, n'a pas de toxicité donc il n'y a pas d'urgence à arrêter des substituts nicotiniques dans la mesure où il y a un risque de reprise du tabac".
En résumé, il vaut mieux prendre le temps qu'il faut pour ne plus avoir ce risque de reprise du tabac. "Vous pouvez faire une diminution progressive et si ce risque persiste toujours à l'arrêt des substituts nicotiniques, il vaut mieux rester à vie avec des substituts nicotiniques", précise-t-elle.
Aucun risque de maladies
Le message est clair, il vaut mieux prendre des substituts nicotiniques même pendant longtemps plutôt que de replonger dans la cigarette. D'autant que comme le rappelle la docteure Marion Adler, ces substituts ne sont pas dangereux pour la santé.
Ces substituts sont prescrits tous les jours à des femmes enceintes, des patients qui ont un cancer, d’autres qui viennent de faire un infarctus.
Pourtant, beaucoup de fumeurs se méfient de ces substituts à cause de la nicotine. Mais ce n'est pas la nicotine qui est responsable des maladies liées au tabagisme. Ce qui est toxique dans la cigarette, ce sont les 7 000 substances chimiques dont plusieurs sont cancérigènes. Les cigarettes contiennent en effet du mercure, du plomb, de l’arsenic, de l’ammoniaque, de l’acétone, du monoxyde de carbone, du polonium 210, ou encore des goudrons.
Pas de "shoot" de nicotine
Il y a aussi de la nicotine, c’est ce qui va rendre addict et c'est un non-sens de prendre de la nicotine alors que l’idée est justement de s’en sevrer. Mais il existe une grosse différence entre la nicotine fumée, qui va arriver au cerveau en neuf secondes, et la nicotine des substituts, à la diffusion beaucoup plus lente : une heure pour les patchs, 20 minutes pour les gommes.
Il n’y a donc pas cet effet de "shoot "de nicotine avec les substituts, et c’est ce qui va vous permettre petit à petit de vous sevrer des cigarettes. Vous pourrez ensuite réduire progressivement les substituts nicotiniques mais pour cela, quelques règles doivent être respecter.
Bien utiliser les substituts nicotiniques
Pour utiliser correctement les substituts nicotiniques et vous sevrer progressivement de la nicotine, suivez ces conseils :
- Choisir le dosage en nicotine adapté. Les fumeurs ont souvent peur de mettre des patchs très concentrés en nicotine en se disant que s’ils craquent pour une cigarette, c’est le drame. Attention, il s'agit d'une idée reçue.
Si jamais vous fumez une ou deux cigarettes avec un patch, vous risquez juste d'avoir un peu mal à la tête, éventuellement des nausées mais il n’y a aucun danger pour votre santé. - Associer différentes formes de substituts. Le patch diffuse de la nicotine en continu et les pastilles ou les gommes sont très utiles quand vous avez une envie urgente de cigarette.
C'est uniquement une fois que vous vous sentez à l’aise dans votre sevrage que vous pouvez baisser progressivement le dosage en nicotine du patch. Même chose pour les gommes : vous en prendre peut-être huit à 12 par jour au début, sans trop réfléchir. Puis vous pourrez commencer à noter les heures de prise et essayer de les espacer.
Pour vous aider, l'astuce de la docteure Marion Adler est de couper une gomme en deux et à la place de la deuxième moitié, vous prenez un chewing-gum normal. Au fur et à mesure, vous augmentez la dose de chewing-gum et vous baissez celle de la gomme à la nicotine.
Comment se procurer ces substituts ?
Ces substituts sont tous remboursés par la Sécurité sociale, à condition d’avoir une ordonnance. Pour cela, vous pouvez consulter un tabacologue, un médecin, un médecin du travail mais aussi une sage-femme, un infirmier, un dentiste ou encore un kiné.
Si vous n’avez pas envie de consulter, vous pouvez les acheter directement à la pharmacie, mais dans ce cas, il faudra les payer de votre poche.