Allergie à l'iode, vrai ou faux ?
Peut-on être allergique à l'iode ? Voilà une question qui revient souvent. Certaines personnes peuvent tomber malades en mangeant des crustacés, ou en pratiquant un scanner, par exemple. Est-ce à cause de l'iode contenu dans les crustacés, ou présent dans les produits de contraste que l'on injecte au patient avant d'effectuer une radio ?
"Les réactions à l'iode sont parfois graves, et peuvent aller jusqu'au choc anaphylactique", souligne le Dr Florence Trébuchon, médecin allergologue.
Etrange. Car une chose est sûre : les allergies à l'iode n'existent pas. Mais alors comment expliquer de telles réactions physiques ? A quoi sommes-nous vraiment allergiques ?
Des réactions cutanées : vrai
L'iode est une découverte récente : début du XIXème siècle. Elle fut utilisée pour traiter les goîtres malades. "Le problème c'est qu'on ne connaissait pas bien les doses. Les gens en prenaient parfois en très grande quantité. On a vu des choses étranges ; des réactions cutanés, des hyperthyroïdies", raconte le Pr. André Aurengo, spécialiste en médecine nucléaire. Mais ces irruptions cutanées ne sont pas des allergies. Ce sont des réactions à des surcharges trop importantes en iode. Nuance !
Allergie aux produits iodés : vrai
L'iode est un élément naturel de notre environnement. Nous en ingérons quotidiennement dans le fromage, le lait, les crustacés, etc. Les allergies ne sont pas dues à l'iode en soi, mais aux produits iodés, c'est-à-dire aux molécules qui contiennent de l'iode. La preuve, "on peut être allergique à des médicaments iodés, comme certains laxatifs par exemple, et manger des huîtres sans problème", rappelle Florence Trébuchon.
C'est donc l'expression "allergie à l'iode" qui est fausse. Il faudrait plutôt parler d'allergie aux produits iodés.
Allergies à l'iode des crustacés : faux ?
Les allergies aux produits de la mer sont assez fréquentes. Dès leur ingestion, la réaction peut être immédiate. Certains personnes très allergiques peuvent même réagir en manipulant un crustacé, ou parfois en inhalant des vapeurs de cuisson, car les allergènes sont très volatiles et certains ne sont pas détruits par la chaleur.
Dans tous les cas, les allergies ne sont jamais dues à l'iode, insiste le Pr. André Aurengo, chef du service de médecine nucléaire à l'hôpital La Pitié-Salpétrière. Mais à des allergènes contenus dans les aliments de la mer. "C'est comme si vous me disiez que vous étiez allergique à l'air, suggère ce médecin. C'est impossible, et cela ne s'est jamais vu".
Allergies aux produits de contraste iodé : vrai
L'iode est utilisé comme produit de contraste pour des examens radiologiques, type scanner, urographie intra-veineuse, etc. Les réactions à ces produits peuvent être graves : éruption cutanée, erythème, urticaire, contraction des bronches et cela peut aller jusqu'au choc anaphylactique dans de rares cas.
La survenue d'une réaction est imprévisible. Cependant il existe certains facteurs de risque : asthme, insuffisance cardiaque, maladie des coronaires, traitement par béta-bloquants, etc.
L'origine de ces réactions reste encore un mystère pour les médecins. Certaines études ont émis la possibilité que des réactions aux produits de contraste seraient d'origine allergique, dues à l'existence d'anticorps contre ces produits. Pour Florence Trébuchon, auteur d'un ouvrage sur Les allergies, (Coll. Rumeurs & Réalités, Ed. Medi-Text), ces réactions sont dues en partie à des surcharges : "on injecte de l'iode en très grande quantité et directement dans les veines et dans les artères du patient. C'est cette exposition inhabituelle à l'iode qui peut expliquer ces réactions".
Allergies aux médicaments iodés : faux
Les réactions allergiques dues à des désinfectants iodés, comme la Bétadine®, sont très rares. Cette solution antiseptique contient une molécule d'iode fixée sur un complexe chimique appelé povidone. Tous les cas d'allergie à la Bétadine® sont dus à la povidone et non à l'iode.
De très rares cas de réactions ont été décrits dans la littérature. Parmi les quelques accidents rapportés, on recense un cas de spasme des voies respoiratoires, un choc anaphylactique. Un homme de 24 ans a fait un urticaire avec angio-œdème après application de Bétadine® sur la plaie d'un bras, mais c'était la première fois qu'il l'utilisait. Une femme qui avait été badigeonné de povidone iodée sur les parties génitales avait présenté un prurit généralisé, c'est-à-dire une démangeaison sur tout le corps et une baisse de la tension artérielle.
La povidone n'est pas contenue uniquement dans la Bétadine®. On la retrouve aussi dans divers produits parapharmaceutiques, comme les sprays capillaires. Les solutions de povidone peuvent être utilisées comme larmes artificielles et pour l'entretien des lentilles de contact.
En conclusion, il n'existe pas d'allergie à l'iode. Les seules réactions sont dues aux molécules qui accompagnent cet atome.
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