Cancer du testicule, priorité au dépistage
C'est le cancer le plus fréquent chez les hommes entre 20 et 30 ans, mais il reste encore méconnu, car tabou. Il se soigne pourtant très bien lorsqu'il est détecté assez tôt.
- Le testicule, la glande sexuelle masculine
- L'origine du cancer du testicule
- Cancer du testicule : comment le détecter ?
- Cancer du testicule : quelles solutions ?
- Cancer du testicule : le curage des ganglions lymphatiques
- Cancer du testicule : le traitement par chimiothérapie
- Un nouveau protocole pour les cancers de mauvais pronostic
Le testicule, la glande sexuelle masculine
Le cancer du testicule est le cancer le plus fréquent chez les hommes entre l'âge de 20 et 30 ans. En France, chaque année, on compte près de 2.000 cas de cancer du testicule. Selon une récente étude, son incidence a plus que doublé entre 1980 et 2012. En cause : l'exposition de plus en plus fréquente à des facteurs environnementaux comme les perturbateurs endocriniens. Parce qu'il touche à l'intime et qu'il est généralement indolore, le cancer du testicule est souvent dépisté tardivement. Pourtant, traité à temps, c'est un cancer d'excellent pronostic.
Chez l'adulte, chaque testicule mesure environ 2,5 cm de large sur 4 de long. Ils sont suspendus dans les bourses, une poche de peau aussi appelée scrotum. Le testicule est la glande sexuelle mâle, il contient principalement deux types de cellules. Les canaux séminifères contiennent les cellules germinales, autrement dit les futurs spermatozoïdes. D'autres types de cellules sont présents entre les canaux. Elles assurent quant à elles une fonction endocrinienne : la sécrétion de l'hormone sexuelle mâle, la testostérone.
Un cancer peut se développer soit à partir des cellules qui sont à l'intérieur des canaux, soit à partir de celles qui se trouvent à l'extérieur. Dans plus de 90% des cas, ce sont les cellules germinales qui se multiplient de façon anarchique pour former une masse. La taille peut être importante et englober l'ensemble de la glande.
Quand le cancer est développé, des cellules cancéreuses peuvent migrer en empruntant les voies lymphatiques. Les ganglions peuvent renfermer des cellules cancéreuses testiculaires. Des métastases peuvent alors apparaître dans les poumons ou le cerveau. Le traitement ne sera alors plus le même.
L'origine du cancer du testicule
Le cancer du testicule survient plus souvent lorsque celui-ci n'est pas bien descendu pendant l'enfance. Contenus dans l'abdomen pendant la grossesse, les testicules doivent en effet descendre dans le scrotum avant ou peu après la naissance.
Une diminution de la taille d'un testicule, après un choc ou une infection, est aussi un facteur de risque. L'environnement, les pesticides et les polluants, pourraient également jouer un rôle dans la survenue de ce cancer.
Le cancer apparaît soit à l'intérieur, soit à l'extérieur des canaux séminifères. Neuf fois sur dix la tumeur se développe à partir de ces cellules germinales.
Cancer du testicule : comment le détecter ?
Lorsqu'un cancer se développe, le symptôme le plus courant est la présence d'une boule dure et indolore qui augmente le volume de la bourse. Une simple augmentation de taille, des troubles digestifs ou un gonflement des seins peuvent aussi être des signes révélateurs.
Une fois le diagnostic posé, il faut alors retirer le testicule cancéreux. Le patient est adressé à un Centre d'Examen et de Conservation de l'Oeuf et du Sperme humains (CECOS), qui prélève et conserve le sperme. Il s'agit d'une précaution au cas où la fertilité serait altérée, même si c'est une éventualité finalement rare.
Cancer du testicule : quelles solutions ?
Quand on évoque une tumeur du testicule, on évoque aussi son ablation chirurgicale. Le patient peut demander la pose d'une prothèse, qui a la consistance d'un véritable testicule. Elle est en silicone, comme les prothèses mammaires, et peut également donner lieu à des infections qu'il faut surveiller. Sa taille est choisie pour conserver une harmonie entre les deux bourses.
Il convient néanmoins de prendre en compte l'impact psychologique de cette solution. Elle s'accompagne souvent d'interrogations, chez le patient, sur sa virilité ou la capacité à procréer normalement après l'opération.
Après la guérison, le risque d'avoir un cancer de l'autre testicule se situe entre 2% et 5% dans les vingt-cinq années qui suivent. Dans moins de deux cas sur 100, le cancer est d'emblée bilatéral.
Le testicule peut parfois tripler de volume lorsqu'il est atteint par une tumeur.
Cancer du testicule : le curage des ganglions lymphatiques
Le curage ganglionnaire rétropéritonéal est une opération chirurgicale qui concerne environ 10% des patients atteints de cancer du testicule. Il est effectué quelques mois après l'ablation du testicule malade lorsque le patient a déjà suivi une chimiothérapie.
L'objectif du curage ganglionnaire rétropéritonéal est de retirer les ganglions lymphatiques situés à l'arrière de l'abdomen afin d'éviter la propagation du cancer.
Après cette intervention, 10 à 15% des patients doivent suivre de nouveau une chimiothérapie. Pour les autres, une simple surveillance suffit. Après une cette opération, les patients n'ont plus d'éjaculation.
Cancer du testicule : le traitement par chimiothérapie
En plus de la chirurgie, la chimiothérapie est nécessaire. Elle dépend du stade auquel la maladie est diagnostiquée et de son agressivité.
Un nouveau protocole pour les cancers de mauvais pronostic
Les cancers de mauvais pronostic représentent seulement 1 à 2% des cancers du testicule. Jusqu'à présent, lorsqu'un cancer de mauvais pronostic était détecté, tous les patients suivaient le même protocole et le même nombre de séances de chimiothérapie. Aujourd'hui, un nouveau protocole a été mis en place. Il vise à individualiser les traitements en fonction des marqueurs du cancer présents dans le sang.
"Les marqueurs sanguins nous indiquent à la fois la gravité de la maladie mais aussi si les cellules cancéreuses sont en train de mourir grâce à la chimiothérapie. Un dosage sanguin en cours de chimiothérapie nous indique donc si les choses vont dans le bon sens ou au contraire dans un sens qui n'est pas suffisamment favorable sous chimiothérapie", précise le Pr Karim Fizazi, oncologue. Si le taux de marqueurs sanguins baisse rapidement, cela signifie que la chimiothérapie est efficace. Inutile donc d'augmenter le nombre de séances. Au contraire, si la quantité de marqueurs sanguins stagne, des séances supplémentaires permettront de maximiser les chances de guérison.
L'essai clinique GETUG 13 est aujourd'hui devenu le protocole de référence dans le traitement du cancer du testicule de mauvais pronostic. Une petite révolution dans le monde médical : "Tous les patients qui étaient atteints d'un cancer du testicule métastatique de mauvais pronostic ont été traités jusqu'à récemment par une chimiothérapie comprenant trois médicaments avec quatre cycles de chimiothérapie. Et on utilisait systématiquement cette même chimiothérapie depuis 25 ans", explique le Pr Fizazi. Grâce à ce nouveau protocole, le taux de survie des patients atteints de cancers de mauvais pronostic, a été considérablement amélioré. Il est passé de 50 à 70%.
Grâce à la fécondation in vitro, les patients atteints d'un cancer du testicule peuvent devenir pères. Avant l'ablation du testicule malade, ils peuvent en effet congeler leur sperme. Cette pratique est très courante car le cancer des testicules touche principalement les jeunes hommes qui sont nombreux à avoir un désir de paternité.