Prédisposition génétique au cancer : de plus en plus de diagnostics
En France, le dispositif national d'oncogénétique permet aux personnes atteintes d'un cancer et à leurs familles de statuer sur l'existence d'un terrain génétique favorable à la maladie. En 2014, 56.897 consultations ont été réalisées sur l'ensemble du territoire, soit 18% de plus qu'en 2013. Une croissance qui n'est pas sans poser problème, les délais d'attente s'allongeant eux aussi continuellement.
Un peu plus de 80 gènes de prédisposition génétique à des cancers sont aujourd’hui identifiés. Posséder l'un ou l’autre de ces gènes n'implique pas qu'un cancer va automatiquement se développer. Toutefois, à l'échelle d'une population, on constate que leurs porteurs ont un risque significativement accru - parfois légèrement, parfois très fortement - de développer cette maladie.
En France, une personne atteinte d'un cancer peut solliciter le dispositif national d'oncogénétique [1] afin d'établir rétroactivement s'il est porteur d’un tel gène. Si le fait est avéré, d'autres membres de sa famille pourront, s'ils le souhaitent, réaliser le dépistage. En cas de suspicion d'un terrain génétique favorable, une personne en bonne santé peut également recourir au dispositif.
Selon un bilan de l'Institut national du cancer, publié le 6 janvier 2016, le nombre de consultations en est en progression continue depuis 2003. En 2014, 56.897 consultations ont été réalisées sur l'ensemble du territoire, soit 18% de plus qu'en 2013 (48.434 consultations).
Plus de 52% des consultations aboutissent à un test en laboratoire (29.850 en 2014), un chiffre également en progression (+21% de malades testés et +25% de personnes saines par rapport à 2013). Deux tiers de ces tests portent sur des personnes malades. En 2014, 2.863 malades et 3.661 "apparentés" ont été identifiés comme porteurs d'une mutation génétique les prédisposant au cancer.
"La majorité des consultations d'oncogénétique réalisées sont dédiées au syndrome sein-ovaires et aux pathologies digestives", détaille l'INCa dans son bilan annuel. "Cependant, si des progressions importantes et régulières sont observées depuis 2003 concernant le syndrome seins-ovaires, l'identification des personnes atteintes par un syndrome de Lynch (cancer colorectal d’origine génétique, NDLR) n'est pas encore optimale", regrette l’Institut, qui souhaite améliorer à l’avenir l'orientation des malades vers le dispositif national d'oncogénétique.
Mais un problème se fait jour : avec la progression du nombre de consultations, "le délai médian d'obtention d'un premier rendez-vous en consultation pour un [patient malade] a augmenté", passant de 12 à 13 semaines entre 2013 et 2014. C’est un mois de plus qu'en 2012. Les délais moyens de réponse de la part des laboratoires sont de l'ordre de 32 semaines (pour des tests portant sur le syndrome seins-ovaires ou le syndrome de Lynch).
Les personnes saines identifiées comme prédisposées à un cancer peuvent bénéficier d'une surveillance médicale accrue et, selon les cas, se voir proposer une chirurgie préventive. Selon l'INCa, "au 31 décembre 2014, dans un contexte de syndrome seins-ovaires, de syndrome de Lynch ou de polypose adénomateuse familiale, 10.701 personnes au total ont reçu un programme personnalisé de suivi et 77 % d’entre elles (8.238) ont bénéficié d’au moins une prise en charge coordonnée par les programmes."
[1] Comme le rappelle l'INCa, le dispositif national d'oncogénétique s'organise autour de 130 sites de consultation répartis dans 90 villes en France métropolitaine et dans les départements d'outre-mer ; 25 laboratoires réalisent les tests génétiques prescrits par les consultations.
Selon l'INCa, près de 5 % des cancers diagnostiqués sont liés à des altérations génétiques constitutionnelles.