Accident vasculaire cérébral : l'enfant également touché
L'Accident Vasculaire Cérébral, également appelé AVC, frappe le plus souvent les personnes âgées, ou du moins les adultes. Mais il peut aussi, dans une moindre mesure, toucher les plus jeunes avec des conséquences sur leur développement intellectuel et moteur.
Qu'est-ce que l'accident vasculaire cérébral ?
C'est rare mais l'AVC, l'accident vasculaire cérébral, peut aussi toucher le nourrisson et l'enfant. Chaque année, ils sont entre 500 et 1.000 à être concernés. Les signaux d'alerte peuvent être les mêmes que chez l'adulte : une bouche qui se déforme, un bras ou une jambe qui se paralyse, des difficultés soudaines à parler. Mais chez l'enfant et surtout chez le nourrisson, ces signes sont plus difficiles à détecter.
Au moindre doute, il faut appeler le 15. Plus l'AVC est pris en charge tôt, plus l'enfant a des chances de récupérer toutes ses facultés.
On parle d'AVC lorsque la circulation du sang est interrompue dans une zone du cerveau. Il existe deux formes d'AVC. Il y a d'abord l'AVC ischémique. Un caillot de sang va boucher une artère du cerveau. Conséquence : tout ce qui est en aval de l'obstruction risque de manquer de sang et donc de nutriments et d'oxygène. Si la circulation sanguine n'est pas rétablie très vite, les cellules du cerveau meurent et provoquent une perte des fonctions cérébrales.
La deuxième forme possible est l'AVC hémorragique. Une artère du cerveau va se rompre. Dans ce cas aussi, une partie du cerveau n'est plus irriguée. Les neurones sont complètement détruits par la perte d'oxygène.
Chez l'enfant, il n'y a pas de traitement standard de l'AVC. Tout dépend de la cause de l'accident cérébral. Il peut s'agir notamment d'un traumatisme crânien, d'une maladie du coeur ou du sang comme la drépanocytose, d'une infection virale comme la méningite ou encore d'une malformation du coeur ou des artères. Mais parfois les causes de l'AVC, surtout chez le nourrisson, restent inconnues.
En 2018, selon un sondage Odoxa mené pour la Fondation pour la Recherche sur les AVC, près de 4 Français sur 5 sous-estimaient le nombre de nourrissons et d’enfants victimes d’un AVC. La même proportion de Français "ne reconnaîtrait pas les symptômes de l’AVC chez un nourrisson ou un enfant" et "seule une faible minorité" aurait le bon réflexe (appeler le 15) en présence des symptômes
Des séquelles plus ou moins handicapantes
Le cerveau d'un nourrisson n'est pas mature et toutes les connexions neuronales ne sont pas encore établies. Malgré les lésions consécutives à l'AVC, la plasticité du cerveau permet donc d'établir d'autres connexions qui vont "contourner" les lésions dues à l'AVC.
Un bébé victime d'un AVC pourra donc marcher et parler au même titre que n'importe quel autre enfant grâce à ce qu'on appelle le réaménagement neuronal. On comprend donc mieux l'importance d'un diagnostic rapide et précoce pour minimiser les séquelles de l'AVC.
Les conséquences de l'AVC dépendent de la localisation de la lésion. Dans l'hémisphère gauche, le langage est affecté. Dans l'hémisphère droit, des problèmes de localisation dans l'espace peuvent apparaître. Au niveau du front, une troisième partie joue un rôle fondamental dans le développement de l'enfant. Si elle est touchée, son comportement et ses capacités de raisonnement intellectuel sont mis en danger.
Près de 70% des enfants qui ont été touchés par un AVC garderont des séquelles toute leur vie, plus ou moins importantes, plus ou moins handicapantes. Leur nature dépend de la localisation de l'AVC dans le cerveau. Il peut s'agir de problèmes de motricité, de troubles de la concentration, de crises d'épilepsie…
Il est impossible de connaître l'étendue exacte des séquelles avant plusieurs années. Le cerveau de l'enfant étant en cours de maturation, certaines conséquences peuvent apparaître plusieurs années après l'accident.
Rééducation : grandir sans traumatisme
Pour soigner les séquelles d'un AVC, les traitements médicamenteux sont très rares chez l'enfant. L'opération quant à elle n'est pas systématique, elle est le plus souvent pratiquée en urgence, pour stopper l'hémorragie. Elle évite également les risques de récidive, surtout en cas de malformation.
Le meilleur moyen de récupérer ses facultés motrices et intellectuelles est donc la rééducation psychomotrice. Heureusement, les capacités d'adaptation du cerveau des enfants sont telles qu'une prise en charge adaptée leur permet de grandir le plus normalement possible. Car le cerveau de l'enfant a un avantage sur celui des adultes, il est encore en pleine croissance. On dit qu'il est plastique. Cette plasticité neuronale lui permet de beaucoup mieux récupérer, certaines zones neuronales pouvant s'adapter pour compenser les neurones qui ont été détruits.
Les séances d'orthophonie et de kinésithérapie sont aussi complétées par des séances d'ergothérapie. Une sorte de rééducation d'adaptation pour faciliter toutes les petites choses du quotidien comme la toilette, le repas...
À l'âge adulte, ces enfants n'ont pas plus de risque de faire des AVC sauf si la cause est une maladie et qu'elle n'a pas été prise en charge après le premier accident. C'est par exemple le cas de la drépanocytose, une maladie génétique qui atteint les globules rouges du sang.
Première cause de handicap chez l'enfant
Dans un échange avec l'AFP à l'occasion de l'édition 2018 de la Journée Mondiale de l'AVC, la Dr. Manoëlle Kossorotoff (hôpital Necker, Paris), coordinatrice du centre national de référence AVC de l'enfant, expliquait que "la majorité de ces AVC survient chez des enfants préalablement en bonne santé". Dans la moitié des cas, la cause n'est pas identifiée (l'accident est parfois lié à une infection assez banale, le plus fréquemment virale dont la varicelle)
"Le délai diagnostique est trop long, très peu arrivent dans les 4H30" à l'hôpital, c'est-à-dire le délai pour agir (thrombolyse, thrombectomie), déplorait-elle. Les symptômes sont pourtant assez proches de ceux de l'adulte (paralysie, faiblesse d'un côté du corps, difficulté à parler, déformation de la bouche...) plus des crises d'épilepsie, des convulsions.
L'AVC de l'enfant est la première cause de handicap acquis de l'enfant (retards psychomoteurs, difficultés scolaires...), selon la Fondation recherche AVC, qui déplorait en 2018 un manque de financement. "Un tiers de ces accidents surviennent entre le dernier trimestre de la grossesse (AVC in utero) et le premier mois de vie", notait la spécialiste.
la rédaction d'Allodocteurs.fr, avec AFP